Ce film soulève ce que pour moi constitue l’un des plus gros tabous qui puissent exister : « toutes ces choses que je suis en train de ne pas vivre parce que je suis en train de vivre ce que je vis »… et du coup, la décision de prendre des décisions devient d’autant plus douloureuse que si l’on imagine ce à quoi on serait en train de renoncer, de sacrifier, par hasard, par désir, peu importe…
Heureusement, ce film va au-delà de ces questions métaphysiques (dans le sens moralisateur du devoir absolu d’être heureux). Il nous renvoie tout droit vers le credo de la non-existence… de l’entropie au big crunch. Ce qui personnellement me soulage.
En fait, les multiples histoires que ce film croise et décroisse, confronte, oppose… parviennent à secouer le spectateur : d’abord confus, ensuite prisonnier d’un sentiment d’angoisse provoqué par l’impossibilité de se faire une image mentale de l’histoire de ce Mr. Nobody, puis surpris par l’implacable brutalité du point de bascule. Mais bon, tout devient clair quand on n’essaie plus de comprendre !
Le caractère terrifiant du sujet, la beauté des personnages, la musique précise… s’articulent parfaitement dans cette mise en scène d’un irréel coloré et poétique.
J’ai eu du mal à me débarrasser de cette agréable sensation post-visionnage d’avoir loupé mille vies mais d’avoir regardé à travers cette merveille, le Big Crunch de ma vie !