Je remercie SensCritique de m'avoir convié à une cinexpérience. J'aime beaucoup ce concept car il permet de visionner un film sans a apriori, sans pourvoir se renseigner et surtout il invite à assister à la projection d'un film qui ne nous aurait peut être pas interpellé autrement. Et cerise sur le gâteau, le débat qui s'en suit permet de connaitre les réactions du public.
Ce film est une invitation au voyage et à la reflexion. Ici, le mot voyage ne fait pas allusion à un pays tropical où le spectateur découvrirait des animaux exotiques et des paysages paradisiaques. Non, le spectateur est transporté en Suède, au sein d'un lotissement gardé par M. Ove, un veuf bougon, très voire trop attaché au respect des règles, acariâtre mais pourtant très attentionné et altruiste. En effet, les mégots, les vélos qui trainent, les voitures qui circulent dans l'allée principale, les étrons animaliers ou encore les grilles mal fermées irritent cet ancien gérant de la copropriété au point qu'il décide de mettre fin à ses jours pour rejoindre son épouse tant admirée. Le long métrage présente ainsi les vaines tentatives de suicides de M. Ove qui sont l'occasion de faire découvrir le passé de cet étrange personnage. Le spectateur découvre ainsi peu à peu l'histoire ponctuée de malheurs de cet homme au grand cœur.
Aspiration au suicide réelle ou simple prétexte narratif ? Dès le début, le spectateur comprend que le protagoniste principal ne périra qu'à la fin du film, et ce d'une mort naturelle. Les suicides peuvent alors être vus comme une feinte de la part du réalisateur pour révéler l'histoire de son personnage et surtout un moyen d'introduire des notes d'humour dans un film au thème si difficile (le refus de vivre dans une société irrespectueuse obnubilée par l'heure du déjeuner). Cependant, il est aussi possible de lire ces tentatives de suicides autrement : M. Ove est pour moi un modèle d'altruisme. Il aime passionnément sa femme, non pas pour l'image qu'elle lui renvoie de lui mais pour ce qu'elle est réellement, il s'agit donc d'un amour altruiste et non égoïste qu'il éprouve à son égard. Sa volonté de mourir peut donc être vue comme un désir profond de retrouver sa femme adulée. Par ailleurs, ces tentatives échouent car il est interrompu à chaque fois par ses voisins qui ont besoin de son aide et qui savent pertinemment que malgré son refus initial et sa mauvaise humeur apparente, il acceptera de leur rendre service. Ainsi, s'il renonce au suicide, ça n'est pas parce qu'il n'aspire pas à rejoindre sa femme, c'est plutôt qu'assister ses voisins est sa priorité absolue. Son altruisme l'empêche ainsi de réaliser ses propres projets.
Ce film est donc une invitation à la réflexion sur la vie, il pousse à s'intéresser aux personnes qui nous entourent sans se fier aux apparences premières.
J'ai beaucoup apprécié l'univers "suédois" qui transpire dans ce film aux travers de l'intrigue, du choix des plans et des musiques : le goût pour la simplicité, la rigueur, l'organisation, le respect des règles et des autres, la douceur (notamment due à la bande son)...