Présent invivable, passé heureux

Ca se présentait avec un pitch somme toute assez classique, celui du vieux bougon odieux et aigri qui va peu à peu retrouver son humanité avec l'aide d'un personnage plus jeune qui va le secouer, comme par exemple dans Gran Torino de Clint Eastwood (où d'ailleurs, il est question, comme dans Mr. Ove, de bagnoles). Et je ne résiste pas à citer ce dernier à propos des Audis : "quatre zéros sur le radiateur et un cinquième au volant" (que les propriétaires d'Audis me pardonnent !!)


Mais force est de constater que - pour ce qui me concerne, du moins - cela fonctionne bien. Si la construction est classique, elle n'en est pas moins bien maitrisée et repose sur de longs flash-backs, qui vont nous faire découvrir - tout au long du film - l'histoire de la vie de Mr. Ove. Ce dernier étant - au tout début - un tyran maniaque qui malmène son maigre entourage : ses voisins de résidence et les commerçants du quartier.


Et ces flash-backs sont plutôt bien fichus, car constituant une plongée dans le fameux modèle social suédois, qui connut son heure de gloire à la fin du siècle dernier. Emancipation par l'éducation et l'instruction, accession au confort matériel (maison et voiture sont les deux piliers de l'intellect du personnage principal), accession à la culture et voyages hors de Suède. Mais aussi des choses qui demeurent perfectibles, comme l'insertion des handicapés par exemple.


J'ai trouvé cette évocation très réussie, d'autant mieux qu'elle est mise en perspective avec l'époque contemporaine, dans laquelle on voit Mr Ove se faire virer de son boulot dans la journée par deux blancs-becs venant de sortir de l'école de commerce ou encore le gérant d'un centre de soin privé (mais subventionné par l'état) détenir un compte offshore. Et Mr Ove de s'accrocher à ce passé, en interdisant tout et n'importe quoi, dans la résidence dont il fut gérant. Cherchez l'erreur, mais cherchons aussi à comprendre pourquoi et comment il en est arrivé là !


Sinon, le film est porté par des acteurs solides et mêle avec à propos humour noir plutôt drôle et séquences émotion qui mettent - avouons le - la larme à l'œil. Ca marche bien même si c'est parfois un peu facile : c'est sans fioritures ni préciosité excessive, les personnages étant plutôt bruts de décoffrage. Et le message adressé en définitive au spectateur "on ne peut pas s'en sortir sans l'aide des autres" est plutôt sympa. Bref, un film qui nous rend meilleurs...

Marcus31
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vu en 2016 au cinéma

Créée

le 25 sept. 2016

Critique lue 425 fois

3 j'aime

2 commentaires

Marcus31

Écrit par

Critique lue 425 fois

3
2

D'autres avis sur Mr. Ove

Mr. Ove
Fleming
7

D'un amour l'autre

Vivre sans amour, est-ce que ça vaut le coup ? C'est une des questions que pose le film. Après la mort de sa femme qu'il aimait par dessus tout (suivi de son licenciement de la société dans laquelle...

le 18 sept. 2016

10 j'aime

Mr. Ove
AnneSchneider
8

Du manque d'"elle" à l'"L" retrouvé

Mr Ove. Si l'on renverse les barrières linguistiques et que l'on laisse résonner l'écho latin de ce patronyme - "ovum", l'œuf -, surgit la figure du personnage éponyme, soixantenaire massif récemment...

le 16 sept. 2016

10 j'aime

Mr. Ove
Lonard_Lylye
10

En man som heter Ove - Même les chaussures de Guitsby étaient bleues

Il était une fois, un vieux Qui semblait vraiment malheureux, Car ils n'étaient plus deux, Il lui manquait ces yeux. C'était un homme très courageux, Qui ne craignait que peu le feu. Mais aussi...

le 13 sept. 2016

8 j'aime

1

Du même critique

Papy fait de la résistance
Marcus31
10

Ach, ce robinet me résiste...che vais le mater

Ce qui frappe avant tout dans ce film, c'est l'extrême jubilation avec laquelle les acteurs semblent jouer leur rôle. Du coup, ils sont (presque) tous très bons et ils donnent véritablement...

le 2 sept. 2015

42 j'aime

5

Histoire de ta bêtise
Marcus31
10

A working class hero is something to be

Un pamphlet au vitriol contre une certaine bourgeoisie moderne, ouverte, progressiste, cultivée. Ou du moins qui se voit et s'affiche comme telle. On peut être d'accord ou non avec Bégaudeau, mais...

le 15 avr. 2019

32 j'aime

7

Madres paralelas
Marcus31
5

Qu'elle est loin, la Movida

Pedro Almodovar a 72 ans et il me semble qu'il soit désormais devenu une sorte de notable. Non pas qu'il ne l'ait pas mérité, ça reste un réalisateur immense, de par ses films des années 80 et du...

le 14 déc. 2021

25 j'aime