Mr. Smith au Sénat par J. Z. D.
Capra cache quelque chose qui me retourne à chaque fois. Je passe ses films enfermé dans une tristesse sourde ; c'est sa douceur amère, sa naïveté délicate qui nous emporte peu à peu. La pitié que nous inspire de ce petitJames Stewart - on a envie d'être cette douce secrétaire blasée, de le prendre dans nos bras - a quelque chose de violemment touchant. Sur moi, je voudrais pas vous mêler à mes histoires.
Tout est un peu facile pourtant, le début surtout, et même la fin, et ces enfants à table qui parlent avec leur père, le vieux sénateur désabusé, la figure typique du méchant. Et pourtant, on regarde ça, tremblant, les yeux plein de larmes - quelque chose ne va pas avec mes nerfs ces temps ci, je crois - je crois que Capra c'est mauvais pour moi, ça me plonge dans des élans de sensibilité terrible. Il dépasse mon intelligence, et je me retrouve pris au coeur par ses films, par ce réquisitoire. Je vibre avec sa secrétaire, j'ai envie d'envoyer un télégramme, mais un gentil, un qui lui dirait, hey, James, courage, perds pas espoir, sinon on est foutu, sinon il n'y en aura plus jamais, pour personne, de l'espoir.
Et c'est là que Frank est grand.
Pourtant, je m'étais dit, après La vie est belle, qui m'avait quand même un peu traumatisé qu'il fallait travailler tout ça, mais j'en sais rien, il me désarme, c'est terrible à voir.
En plus - c'est presque un autre "Pourtant" - c'est drôle comme tout, le Président du Sénat est grandiose, il a un ressort comique très fort, et qui le rend magique.
Et caché par le pouce :
"He's right."