Le talent de Frank Capra, c'était d'ignorer les affres du ridicule en opposant aux cyniques et aux aigrefins sans scrupules ses héros avec leur générosité et leur sincérité remplies d'une foi idéaliste inébranlable qui finit par emporter l'enthousiasme du public. C'est ce que Capra accomplit ici en parvenant à énoncer ses idées typiques de cette époque et du New Deal rooseveltien à travers une comédie dramatique empreinte d'un soupçon de mélodrame qui reste la carte de visite de ce réalisateur très doué pour bien doser les 2 genres. A l'aide d'une mise en scène lyrique, il offre un film merveilleux et plein de saveur, entre rire et émotion au travers d'un sénateur naïf et bon (incarné par Stewart), champion du bon droit des gens, qui se confronte avec le monde retors et sans pitié des politiciens de Washington. James Stewart y livre un numéro d'acteur sensationnel en défendant une cause perdue lors d'une grande scène oratoire qui occupe la dernière partie du film, et qui reste une leçon de civisme époustouflante, à laquelle se joint la présence toujours fidèle de la délicieuse Jean Arthur. Dans le rôle du sénateur impitoyable et plein de morgue, Claude Rains est également très bon, ainsi qu'un cortège de seconds rôles qui font la richesse de ce genre de film qui ici symbolise le cinéma populiste façon Capra, avec un ton qui n'appartient qu'à lui. C'est son film le plus fameux et le plus représentatif de son style, l'une de ses comédies les plus brillantes qui eut la malchance de se trouver en compétition avec Autant en emporte le vent, avec 11 nominations aux Oscars, et qui vit la statuette du meilleur film lui échapper de peu au profit de la saga sudiste. Un film à voir absolument.