Mud - Sur les rives du Mississippi par Cthulhu

La vie n'est pas un long fleuve tranquille.

Mud, troisième long-métrage de Jeff Nichols, s'inscrit à l'instar de Shotgun Stories et de Take Shelter dans le renouveau du Southern Gothic, mais est par contre teinté d'une profonde naïveté. Mud, le rôle-titre du film interprété par Matthew McConaughey, est une boîte de Pandore que deux jeunes adolescents vont ouvrir et accompagner dans une aventure encore plus folle qu'un bateau-cabane que le Mississippi à mit en haut d'un arbre.

Cette aventure au parfum initiatique est le moteur d'un récit sur l'enfance touchant, abordant l'amitié et l'amour avec l'innocence de la jeunesse, et ce quand bien même les désillusions en sont un passage obligé. Ellis, le protagoniste, fait preuve d'un fort engagement et d'une profonde sincérité typique des Etats du Sud, tout comme Jeff Nichols prend à bras le corps son film grâce à sa mise en scène. Il n'est pas question de jouer à faire des effets de style comme Benh Zeitlin dans Les Bêtes du Sud Sauvage, mais de rester simple, frontal. Cette économie permet de sublimer certaines scènes de choix avec des plans que n'aurait pas renié Malick, là où Zeitlin noyait son film dans une lourdeur esthétique.

Néanmoins, le film peine sur la fin, on bascule dans une trame plus convenue, on sort du rythme lancinant et tendu que Nichols avait instauré à merveille dans Shotgun Stories, et la fin manque de nuance. Mais malgré ces petites faiblesses, le film fait mouche et nous emporte, nous fait traverser bayou et mangroves aux côtés de ses touchants personnages. Mud est tel le bateau-cabane : certes, il n'a plus de moteur, mais il s'en passe aisément pour nous faire rêver.