J'aime l'Arkansas. J'aime la vie.

Ce titre, telle est la déclaration d'amour de Jeff Nichols. Mud est le second film que je découvre après Take Shelter. Ce dernier m'avait emporté, fasciné. Ces rives du Mississipi sont dans la même veine, même si ce nouvel essai est un poil en -dessous du premier.

Le film nous plonge dans la simplicité et l'amour. Simplicité d'une vie banale des tréfonds des USA. Qu'elles sont loin, les New-York, LA et Miami. Quel bonheur ! L'Amérique c'est aussi, et je dirais presque surtout si je devais être un poil provocateur ça, la nature, le vide. Au fil de l'eau, nous suivons ces jeunes garçons qui découvrent la vie, qui transpirent leur bonheur de vivre en quasi autarcie, coupés de la toute puissante côte Est.

Cette Amérique profonde, Nichols nous la refait découvrir, comme jadis John Ford posait son regard acéré sur une Amérique en crise en interprétant avec brio le superbe roman de Steinbeck. Car il y a des raisins de la colère chez Nichols. Take Shelter débitait le capitalisme forcené conduisant à la Crise dans une ère de fin du monde, il récidive ici à travers ces pauvres familles expulsées de leurs cabanes de bois sur les berges du Mississipi. Ici la ville, si représentative de notre vision des USA, n'existe pas ; elle est lointaine, prédarice. Elle est celle qui coupe ce père paumé et ces deux ados d'une forme de vie idéalisée au plus près de la nature.

Mud a déclenché une avalanche de critiques ici et ailleurs. Aussi il me semble inutile de pousser plus loin l'analyse réelle de ce film. Je préfère souligner l'essentiel : l'émotion. Mud, c'est une histoire humaine, faite d'amour, de trahison, de déception, d'espoirs. Mud c'est une déclinaison de la passion ; passion pour un métier, pour une terre, pour une femme, pour la vie. Mud est une parenthèse belle et touchante, jamais naïve, jamais définitive, dans une industrie cinématographique qui adore venir nous chercher à grands coup d'effets incroyables, de cul, de violence gratuite ou de scénarios plus dingues les uns que les autres, alors que Nichols se contente de nous narrer une histoire simple par le biais d'un amour envoûtant et destructeur. La photo est belle, tout simplement. Les différentes histoires nous parlent, m'ont parlé en tout cas, plus finement encore que celles de The place beyong the pines.

Les acteurs sont épatants. J'ai été très heureux de revoir Sam Shepard qui a une classe folle. Je n'ai aucun intérêt pour Reese Witherspoon , et bien elle livre une belle copie. Les deux mômes sont épatants, tout simplement. Michael Shannon n'a qu'un rôle très secondaire mais sa justesse est une nouvelle fois appréciable.Palme, bien entendu, à Matthew McConaughey, Mud, gourou, maitre, modèle, truand, ivre d'amour, seul et si humain.

Mud, a dit l'ami Confucius, est une "aventure humaine" (http://www.senscritique.com/film/Mud_sur_les_rives_du_Mississippi/critique/19611203).

Je ne pourrai dire mieux. Une ode à l'amour, à la simplicité, à la vie, un récit initiatique. Et bien vous savez quoi, ça fait du bien.