Mike ou Jeff ?
A chaque fois que je pensais à ce nouveau film de Nichols, je pensais à Mike. Pourtant "Le Lauréat", ça collait pas avec "Take Shelter" et "Mud".
On s'en branle ? OK.

Terrence ou Jeff ?
Non mais sans rire, quel pignouf moisi a osé comparer Nichols (Jeff, pas Mike) à Malick? A part deux ou trois plans sur la nature, comment peut-on tenter de faire se rejoindre deux visons aussi différentes ? Jusqu'"à la merveille", j'adorais le second, mais, même dans "la balade sauvage", quel point de comparaison peut-on tendre entre les deux cinéastes ? Mystère.

Matthew McConauqui ?
Le "born-again" est une notion que les ricains bichent particulièrement pour décorer leurs bouffées délirantes de mysticisme qui viennent en chute libre combler un vide existentiel érigé en mode de vie (houla, calme-toi Guy..). Ce terme peut aussi illustrer, de manière beaucoup plus flatteuse, la carrière étonnante de l'ami McConaughey. Jusqu'en 2011, pour un "Lone Star", combien de "Sahara" ou de "playboy à saisir" ?
Depuis "la défense Lincoln", (et en le comptant) c'est presque un sans faute: Killer Joe, Paperboy, Mud… Quel strike ! Qu'on aime ou pas ces films, on ne peut que reconnaitre des interprétations absolument tranchantes.

Misogyne ?
J'ai lu ici ou la que le film (et c'est un des seuls défauts attribués au film, souvent) serait sinon misogyne, au moins peu flatteur pour les femmes. Foutredieu, quelle erreur ! Aucune des femmes présentées ici (la petite copine, la mère, l'âme soeur du fugitif) ne peuvent être taxées d'une once de volonté maligne. Chacune suit, malgré la présence souvent envahissante ou au contraire mutique des hommes qui les entourent, un chemin propre qui seul leur permettra de survivre dignement. La seule chose que le film met en évidence dans le rapport entre les deux sexes est la grande difficulté qu'ont les hommes à comprendre l'univers féminin. Tout en montrant, on y vient peu après, que ce rapport est indispensable et vital.

Cohérent ?
Dieu (en général, j'aime ne pas mettre de majuscule à ce mot, mais là, saperlipopette!, je débute ma phrase avec) qu'il est bon de suivre un film sans se poser toutes les cinq secondes la question de la cohérence des personnages, de la continuité du récit, des éléments qui le composent. Ça à l'air de rien, comme ça, mais quand on bouffe de la pellicule au kilomètre comme c'est mon cas, ça devient un plaisir rare dans le cinéma contemporain.

Adolescent ?
Et tiens, puisqu'on en parle de ce cinéma mainstream américain, comment le définir autrement qu'en le taxant de production destinée exclusivement au public adolescent ? La force de ce film de Nichols (Jeff, pas Mike) est de faire un film juste SUR l'adolescence ou non POUR elle.
Ellis et Neckbone tentent de décrypter le monde effarant des adultes qu'ils ne peuvent découvrir que de la manière la plus violente avec peu de points de repères suffisamment solides pour pouvoir s'y cramponner. Et si celui d'Ellis (l'amour) ne sera protégé par aucun happy-end trompeur, la voie, compliquée, ardue, passera pourtant forcément par là. La scène de la découverte fugace des voisines devant le nouvel appartement est, de ce point de vue, absolument géniale.

Muddy Waters ?
Mud est un film de blues, gorgé de ruisseaux grouillants de serpents, de ronces et de cailloux, de lourds sacs en toile de jute, de vastes terrains de décharges, de femmes qui s'échappent et de leçons qui s'administrent sous forme de pains dans la gueule.

L'heure de Jack Nichols sonne.
Non, merde, Jeff.

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le 7 mai 2013

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guyness

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