David Lynch est un très grand réalisateur. Parmi ses films références : "Eraserhead", "Elephant Man", la série TV Twin Peaks et son film "Fire Walk with Me, Lost Highway, ...etc
"Mulholland drive" fait parti d'un triptyque initié avec "Lost Highway" et terminé avec "Inland Empire".Plusieurs thèmes sont abordés : Une critique du cinéma Hollywoodien (Mulholland drive est le nom de la route qui mène aux inscriptions célèbres "Hollywood" sur le mont hollywood hills , l'actrice Rita Hayworth est la référence au cinéma américain des années 50) , une autre référence est celle des clés psychologiques de certains personnages que l'on retrouve dans lost highway : entre fantasmes et réalité, vérité et mensonge, ...
Le cinéma de Lynch a toujours quelque chose d'envoutant. La musique de Badalementi , le choix des personnages, un scénario qui demande des efforts aux spectateurs...
Très souvent on sort d'un film de Lynch en se disant: je n'ai pas compris mais j'ai aimé... Avec une forme d'amertume et l'envie de le revoir pour percer "le mystère".
Bien qu'il est vrai que très souvent David Lynch laisse entendre dans ses interviews qu'il ne faut pas forcément chercher une explication. Tous ses films ont un scénario et une histoire bien réelle. Il ne s'agit nullement d'un cinéma de style ou conceptuel.
La preuve en est c'est qu'il laisse toujours des symboliques fortes dans chacun de ses films : Le bleu est très souvent la couleur de la vérité (cette vérité que certains de ses personnages ne sont pas prêt à entendre ex: la clé qui ouvre la boite bleue), l'enfermement (celui de Pete en prison dans lost highway, ou Diane dans son appartement dans MD par ex) , la dualité entre la blonde et la brune (Laura & Donna dans Fire walk with me, Renee & Alice dans lost highway, Betty & Rita dans mulholland drive), les dédoublements de personnalité ( qui sont aussi une référence à l'acteur : lui et son rôle)...
En fait le malaise que peuvent ressentir certains après avoir vu Mulholland Drive c'est qu'il faut qu'ils se placent en spectateur "actif". Le scénario ne se déroule pas de manière linéaire et il faut garder tout au long du film une certaine concentration.
LE SCENARIO DE MULHOLLAND DRIVE :
( Attention de nombreux Spoilers - Il est plus judicieux d'avoir déjà vu le film avant de lire la suite ;-) )
Au risque d'en choquer certains, le scénario du film est très simple et tiendrait aisément sur une feuille. L'intérêt du film de réside pas dans son scénario mais dans le parti pris créatif.
Diane est une petite provinciale naïve qui veut faire carrière dans le cinéma. Sa grand mère vient de mourir (et non elle n'est pas partie en voyage ;-) ) et elle en profite pour venir à Los Angeles.
Elle s'installera avec l'argent qu'elle possède (et aussi peut être qu'elle a touché de sa grand mère) dans un petit appartement (celui de la seconde partie du film).
Au fil des castings elle va faire la rencontre de Camilla qui elle aussi cherche à percer dans ce milieu.
Elles vont décider de partager leur frais et leur appartement. Et peu à peu une histoire d'amour réel va naître entre Diane et Camilla.
Hélas toutes les deux ne vont pas avoir la même chance.
Très vite Camilla va être repéré par un réalisateur talentueux : Adam Kesher.
( En aparté nous pouvons voir aussi les relations très tumultueuses qui unissent Adam avec ses producteurs. La scène de "This is the girl" est assez amusante pour ça. Lynch n'hésite pas à montrer les producteurs comme de vrais mafieux... Il ne faut pas oublier que nul n'est prophète en son pays et si Lynch a une côte énorme en Europe; il est bien moins aimé aux EU. Le cinéma Hollywoodien veut des scénaris simples et des happy ending car le retour sur investissement doit être assuré ! On est très loin du cinéma Lynchien ;-) )
Peu à peu Adam et Camilla vont se rapprocher et tomber amoureux.
Diane va donc être doublement affectée : elle va être l'amoureuse éconduite de Camilla mais elle va aussi se heurter à la triste et cruelle réalité : elle ne percera jamais dans le monde du cinéma.
Les castings (dont l'un est fantasmé au début du film où tout le monde la trouve merveilleuse et formidable) ne vont jamais rien donner et son petit boulot de serveuse va l'aider à survivre.
La suite est assez facile à deviner...
Diane a une première réaction : celle de la vengeance menée par une jalousie grandissante. Où après ses échecs aux castings elle voit Camilla obtenir un premier rôle et la goutte d'eau de trop sera sa relation avec le réalisateur.
Elle décide donc d'engager un tueur ... Mais sans que cela soit clairement dit, il semblerait que celui ci lui ait pris son argent et n'ait rien fait. (A moins que la tentative de meurtre n'ait échouée comme le laisse le supposer une scène du film où un homme essaye de tuer son ami et finit dans un fiasco retentissant ;-) )
Après cela, Camilla quitte Diane, pour aller dans les hauteurs de Los Angeles vivre dans l'appartement luxueux de Adam.
Diane reste seule dans son appartement miteux...
Totalement désœuvrée, perdue, seule, son état dépressif va aller en s'empirant.
Elle va finir par se suicider...
La face cachée d'Hollywood. Une petite histoire bien éloignée des magnifiques comédies romantiques que produit le cinéma hollywoodien chaque année. Et pourtant combien de jeunes actrices pleine de volonté de naïveté ont fini comme cela ? Loin du strass et des paillettes...
La fameuse boîte bleue que Diane a peur d'ouvrir symbolise la vérité celle qu'elle ne veut pas s'avouer : ses échecs dans le cinéma et amoureux avec Camilla.
Diane refuse la réalité d'un monde cruel pour elle et implacable et se réfugie dans un monde de rêves, comme le cinéma Hollywoodien sait le créer : un monde où tout finit toujours bien, où les gentils gagnent et ou les méchants sont toujours punis... Hélas quand la séance est terminée, on se lèvent tous pour retourner à notre quotidien...
Notes : Le film est divisé en deux parties. La première partie montre le refus de la réalité de Diane (qui s'appelle alors Betty). Tout dans cette première partie montre une vision de Diane fantasmée : sa rencontre avec Laura (Rita), sa réussite aux castings, Betty est alors quelqu'un a qui tout réussi et une image d'elle même très positive ... Le point de rupture est la scène du "Club Silencio":"No hay Banda"- "Il n'y a pas d'orchestre, it is an illusion"...( le message est clair). Puis un bruit de tonnerre et la couleur bleue qui symbolise la vérité va marquer le début de la seconde partie : peu à peu le retour à la réalité ...