Lorsque vous regardez ce film pour la première fois, vous ne pigez rien. Et rassurez-vous, c'est normal. Mais lors d'un second visionnage, les mystères s'éclaircissent et peu à peu une véritable oeuvre cinématographique se développe sous vos yeux. Cependant, raconter l'histoire de Mulholland Drive serait trop risqué et surtout inutile, car chacun se fait, à partir d'une "base", sa propre interprétation. La fameuse base est plutôt ordinaire : l'histoire d'une jeune actrice (interprétée par Naomi Watts) qui part tenter sa chance à Los Angeles. Cette dernière est logée dans la villa de sa tante, mais à son arrivée, elle y trouve une autre femme déjà installée; il s'agit de Rita (Laura Harring) souffrante d'amnésie. Cette rencontre évoluera tout au long du film, cernée par l’ambiguïté et avec pour toile de fond, la ville du rêve, Los Angeles, pas choisie par hasard. Car David Lynch ne choisit jamais rien au hasard, il emmène ses personnages dans une ambiance hallucinante, oscillant entre rêve et cauchemar, où chaque élément, objet, décor ou tout autre produit à sa propre existence et son importance. Ce souci du détail permet au réalisateur de passer de l'obscurité la plus totale à la lumière éclatante sans que l'histoire ne perde de son sens. Au contraire, chaque perturbation nous donne encore plus envie de cerner ce récit mystique. C'est ça, la manipulation 2.0 et c'est signé David Lynch en personne.
Après des films comme Elephant Man (sorti en 1980), les Twin Peaks (série et film) ou encore Sailor & Lula (1990) Monsieur Lynch s'amuse à tester nos limites, de films en films, et nous questionne sur les limites de son imagination (si elles existent). Mulholland Drive est donc un maillon de la chaîne, mais surtout un joyau cinématographique. Regarder ce film c'est comme tomber dans un trou noir. Personne ne sait où il va de péripéties en péripéties, et une fois terminé, il vous laisse bouche bée.
Les prestations de Naomi Watts et Laura Harring donnent encore plus de piquant au scénario en apportant toute la dimension mystique et érotique du film. Charmeuses, élégantes et sensuelles, elles expriment une féminité à son apogée et dévoilent l'opacité du cerveau humain.
Nébuleux et limpide, Mulholland Drive est la définition même de l'éternité. Il nous embarque dans les limbes d'un monde illusoire. C'est un fantasme à l'état pur dont la beauté n'est à manquer sous aucun prétexte. Si ce n'est pas déjà fait, foncez voir ce film ! Et préparez vous à le voir une deuxième fois, puis une troisième, puis une... Jusqu'à l'évidence que nous ne cernerons jamais vraiment ce chef d'oeuvre.