...ne peut pas avoir été peint par un fou...

Loin de moi l'idée ou l'envie de vous dire que j'ai vu une bouse compte tenu du mal que le réalisateur s'est donné pour ne pas nous livrer un biopic classique, ce qui donne de l'urticaire à nombreux cinéphiles (mais pas à moi), mais je peux avouer sans contrainte que cette heure quarante cinq m'a paru interminable.

Pourquoi multiplier ainsi les époques, les ellipses et rendre le parcours assez cauchemardesque du peintre norvégien que l'on connaît surtout pour son oeuvre célébrissime Le cri et ses cinq versions aussi chaotique et incompréhensible ? Comme si le film était raconté du point de vue de la folie.

Aujourd'hui voilà à quoi s'est amusé un petit malin (ou une petite maline). Je dois dire que j'ai souri et qu'il m'est difficile à présent de voir autre chose qu'un chien.

CLIC sur le lien, ça vaut le déplacement.

http://www.surlarouteducinema.com/media/00/01/4213952128.jpg

Le film se balade donc sur quatre époques et quatre âges de la vie de l'artiste à 21, 29, 45 et 80 ans. Chaque segment (les 4 finiront par s'entremêler ajoutant encore à la confusion) étant interprété par un acteur différent dont une femme à 80 ans, car le réalisateur assure que les hommes vieillissants finissent par ressembler à de vieilles femmes. OK. Il a le droit de le dire et de le penser. J'ai trouvé le résultat plutôt gênant. Et puisqu'il y a quatre interprètes différents, j'ai lu plusieurs fois des comparaisons établies avec I'm not there dans lequel six acteurs, dont une femme, interprétaient Bob Dylan à six âges de sa vie. Inutile de vous préciser que c'est le seul point de comparaison entre les deux films et que celui de Todd Haynes était autrement plus passionnant.

La partie consacrée aux vingt-neuf ans du peintre est la plus embrouillée de toutes et inutilement anachronique avec téléphone portable et rave party qui a fait trembler les murs de la salle. Je comprends l'idée. Pousser l'ampli à 24, balancer 358 dB dans la tête des participants alors qu'un décret du 7 août 2017 les limite depuis à 103 dB, ya de quoi se prendre la tête entre les mains et pousser un cri, très très fort, primal, jusqu'à vomir. Car oui, un film qui se veut différent et mise tout sur son originalité doit avoir son quota de vomi. Evidemment le film est parfois en noir et blanc, sans doute pour nous faire comprendre que l'on change d'époque ou simplement parce que les visites chez un psy se doivent d'être dénuées de couleurs. Je ne sais pas.

La partie qui aurait peut-être été la plus intéressante est celle où au crépuscule de sa vie l'artiste essaie de protéger son oeuvre des nazis (Munch meurt en 1944). Hélas le réalisateur préfère y substituer l'irruption sans intérêt d'une "fan" qui souhaite que l'artiste lui tire le portrait.

En résumé, ce film ne m'a strictement rien appris sur ce peintre dont j'ai découvert qu'il avait réalisé plus de 30 000 oeuvres parfois très colorées et représentatives de son époque, dont seulement 5 versions du "cri", faites le calcul, cela en fait un sacré paquet qui m'étaient inconnues. Le Wikipédia consacré à Munch est autrement plus passionnant que ce film qui se prend les pieds dans le tapis, se la raconte, se la joue arty et intello. Les échanges entre les personnages sont parfois tellement alambiqués que je me suis demandé si les sous-titres étaient appropriés.

Je dois quand même noter que les comédiens ont parfois, alors qu'on ne s'y attend pas du tout, de belles envolées lyriques où ils semblent, quel que soit leur âge, possédés par le rôle. Les acteurs à 21 et 45 ans m'ont particulièrement impressionnée. En dehors de cela, on ne voit évidemment quasiment jamais l'artiste au travail et le générique par contre nous permet de découvrir (enfin) de nombreuses toiles.

Tout ce tarabiscotage pour qu'on n'en sache finalement pas plus en sortant de la salle qu'en entrant, c'est vraiment gâcher de la pellicule.

Ah si, j'ai appris un truc. Jusque là je disais Munch, comme ça s'écrit. Il faut dire MOUNK, comme ça se prononce. Et ça change tout.

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le 26 déc. 2023

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