Une surprise. Et une bonne.
J'avoue que pour avoir vu le nom de Spielberg à côté de projets comme Transformer 3 ou Indiana Jones 4, j'ai tendance à penser un peu vite qu'il n'y a plus rien à attendre de lui. Et lorsque j'ai vu un film à propos d'une prise d'otages de Juifs qui tourne mal, je me suis dis : "Tiens, probablement une merde à la fois sioniste et sentimentale, Spielberg ne s'arrange pas". Difficile de se tromper davantage sur ce film, qu'il faut rapprocher du film "Les patriotes" de Rochant.
Tout d'abord parce qu'il n'est quasiment pas question de la prise d'otages : celle-ci est vite expédiée dans les cinq premières minutes, et son pathos est au fond à double tranchant. Le reste du film va parler d'une unité de tueurs mise en place sur la demande de cette chère Golda afin de tuer les onze terroristes arabes qui restent en vie. Afin que tout le monde comprenne bien qu'on ne rigole pas avec Israël.
La bande est chapeautée par un jeune Sabra, Avner, qui va devenir papa. Au sein de la bande, un ancien combattant de la guerre de 1949 (joué par l'acteur qui joue César dans la série Rome de HBO), un Daniel Craig bien décidé à singer toutes les attitudes de Steve McQueen (au point que c'en est drôle), un ancien constructeur de jouets qui se reconvertit dans les bombes (Matthieu Kassovitz) et un ancien antiquaire, Hans, plein de surprises. On suit cette équipe, qui est confrontée à tout une série de scènes cocasses, du fait de leur double vie. Ajoutons à cette galerie les informateurs français qui renseignent la bande, joués par Michael Lonsdale et Matthieu Amalric (cela m'a d'ailleurs appris que Lonsdale parlait parfaitement français).
Vu les remises en cause que va devoir affronter le héros, je ne brise pas vraiment le suspense en disant que ce film n'a pas grand-chose de sioniste, ou alors à un niveau très très très tordu.
Venons-en à la violence et au pathos, deux problèmes récurrents chez Spielberg. La violence n'est pas stylisée outrancièrement, mais la caméra implique que l'on se projette dans l'action. Toujours ce même problème : Spielberg veut à la fois faire du divertissement et dénoncer la violence. Mais on ne peut pas tout avoir.
Quant au pathos, il est finalement assez peu présent, sauf dans les flash-back lourdingues sur la prise d'otage de Munich, qui n'apportent pas grand-chose. Quelques scènes sont un peu lourdes (celle où il fait l'amour à sa femme de manière désespérée, vers la fin : le ralenti est ridicule). Mais dans l'ensemble c'est sobre, ça va droit au but et bien.
Ha, et j'oubliais l'essentiel : Un peu comme Zodiac à la même époque, ce film sue par toutes ses pores la sensualité rétro fin années 60-début 70. Amis des 404, combi VW, Diane et autres Dauphine, des filatures, des mecs coincés contre un pilier de béton le pistolet à la main, des téléphones sur écoute, bienvenus dans votre paradis. Rien que pour ça, le film est une très grande réussite.
Merci à Spielberg de m'avoir prouvé que j'avais de gros a-priori. Munich est un bon film politique, comme on n'en fait plus assez.