Coproduction entre la France, la Turquie, le Qatar et l'Allemagne, Mustang est le premier long-métrage réalisé par Deniz Gamze Ergüven, après une poignée de courts. Très bien accueilli, le film remportera une flopée de récompenses, notamment aux Césars et aux Goya.
Prenant comme décor un village du nord de la Turquie, Mustang s'intéresse au destin de cinq soeurs élevées par leur grand-mère et leur oncle, et dont le besoin vital de liberté sera sans cesse bridé par une société patriarcale, ne voyant en ces jeunes filles que de futures épouses uniquement bonnes à servir leurs maris.
Un sujet fort et malheureusement d'actualité, que la cinéaste choisit d'illustrer sans aucun misérabilisme, confrontant la noirceur de son sujet à une mise en scène planante, toute entière dévouée à ses jeunes héroïnes, criantes de naturel. Ne cachant rien de leur détresse, Mustang fait cependant preuve d'une belle pudeur, s'attardant également sur ces courts instants de bonheur comme suspendus dans le temps.
Un premier film prometteur donc, renforcé par la bande originale signée Warren Ellis, mais qui peine malheureusement à s'extirper de certaines influences, en premier lieu le sublime Virgin Suicides de Sofia Coppola. Impossible de ne pas y penser, les deux films, même si éloignés dans leur contexte et l'époque qu'ils décrivent, partageant bien trop d'éléments dans leur scénario comme dans leur forme.
Une promiscuité dommageable en ce qui me concerne, mais qui n'empêche pas Mustang d'être un film intéressant et formellement abouti, à voir au moins pour la force de son sujet et la qualité de son interprétation.