Dans « My lady », le principal atout est sans conteste son actrice principale, Emma Thompson. La comédienne anglaise y montre une nouvelle fois toute l’étendue de son talent en juge des affaires familiales qui doit prendre des décisions morales pour la plupart très difficiles en vertu des lois et de sa propre conscience. Un métier qui l’absorbe à tel point qu’elle en néglige sa vie de couple. A la fois digne et majestueuse, forte et pleine de failles, brillante et investie, elle incarne ce personnage de magistrate fort mais tout à la fois sensible et empathique avec le brio indéniable qu’on lui connait. Elle ajoute un rôle important, l’un de ces meilleurs, à une carrière déjà bien fournie qui ne connait que très peu de ratés. En la choisissant, Richard Eyre met tous les curseurs de la réussite de son côté et rend son film prenant grâce à toutes les nuances de jeu de cette interprète de haut vol. Et le final, rempli d’émotion, finit d’achever cette impression d’avoir face à nous l’une des actrices les plus magistrales de sa génération.
Dommage en revanche que « My lady » soit de facture si classique. Le metteur en scène anglais filme en effet son récit adapté du roman « The Children Act » de la manière la plus pantouflarde qui soit. Un peu à la manière d’un téléfilm du dimanche-après midi, sans passion ni emphase. On croirait parfois son long-métrage sorti des années 90 avec une image délavée et terne et très peu d’idées de mise en scène. Ensuite, le film a le tort de ne pas assez creuser la relation entre cette femme prise par son travail et son mari délaissé, impeccablement joué par Stanley Tucci. Ce sujet revient par intermittences comme pour diversifier le propos du film ou le rendre plus touffu. A y regarder de plus près, ce sujet aurait mérité un film à lui tout seul tant il paraissait digne d’intérêt. Quant au sujet principal, l’affaire de la transfusion de sang sur un témoin de Jéhovah (joué par un Fionn Whitehead un peu dans l’excès), il donne lieu à des débats intérieurs passionnants pour le spectateur mais se voit accolé d’autres cas à plusieurs moments du film. Des cas traités rapidement qui laissent une impression trop sommaire et synthétique. Une série télévisée sur la vie professionnelle de cette magistrate aurait d’ailleurs pu voir le jour tant son métier et les affaires traitées sont passionnants au niveau de l’éthique et de la déontologie.
Ce qui fait aussi le sel de « My Lady », c’est cette plongée dans les rouages de la justice anglaise et du fonctionnement d’un tribunal. C’est instructif. On y voit à quoi ressemble la journée d’une juge de cette trempe tout comme on assiste à des réquisitoires et des jugements sur des affaires sensibles. On a même un goût de trop peu qui corrobore encore l’idée qu’une série sur le sujet (ou un film plus dense) aurait été de bon augure. Enfin, on apprécie que « My lady » puisse nous faire réfléchir sur ce fameux cas en nous bousculant moralement. Le film provoque en nous un débat intérieur intense sur ce qu’il faut faire, sur ce qui est bien ou mal, sur le bien-fondé des lois ou encore sur la pertinence de la foi sur des sujets délicats comme celui mis en branle par « The Children Act ». On est donc face à un film pertinent et intelligent qui souffre d’une forme laxiste et d’une adaptation du roman au scénario pas toujours habile. Des défauts que la prestation de son actrice principale rendent la plupart du temps caduques.
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