Intéressant documentaire.
La femme de Refn se colle à l'exercice, histoire de s'émanciper un peu. Cela donne lieu à un double projet : un making of et un documentaire sur la vie de couple. Malheureusement, à cause de ce concept, forcément, on en vient à regretter que chaque 'intrigue' ne soit pas plus développée. Mais on a tout de même droit à de belles séquences de chaque côté. Cette scène absurde où Refn accepte de présenter un film en échange d'une grosse somme d'argent, ou encore cette scène où Refn traite sa femme comme de la merde parce qu'il a encore changé d'avis sur son film et que sa femme ne le comprend pas. Au moins, le portrait n'est pas lisse et on s'attaque bel et bien aux coulisses d'un film. En plus, ce n'est pas trop long. la fin, prévisiblement, est un peu facile, un peu faible ; je pense qu'il aurait fallu se servir de la production du film comme d'un vrai objectif à atteindre, ça aurait permis de mieux le structurer et ainsi de mieux profiter des scènes intimistes pour nourrir le film, pour lui conférer un sens plus profond.
La mise en scène est correcte. La réalisatrice n'est pas forcément une bonne cadreuse, mais au moins sa naïveté la pousse à filmer frontalement les chose, à ne pas tourner autour du pot. Et puis, de par sa relation directe avec Refn, elle se permet d'entrer véritablement dans son intimité, de le questionner sans gêne, de le bousculer même un peu. Mais pas trop non plus, parce qu'après tout, c'est quand même lui le chef de famille, c'est lui qui décide de tout. Et en cela c'est assez bien pensé, la réalisatrice donne vraiment le mauvais rôle à son mari et son montage fonctionne sans en faire des tonnes. Il y a quelques plans qui auraient pu disparaître au montage, d'autres scènes où on aurait voulu que ça dure un peu plus longtemps, mais dans l'ensemble il y a un bon équilibre.
Bref, ce moyen métrage est plutôt intéressant, bien plus riche que "Gambler". Ce qui est marrant ou sordide, finalement, c'est que cette petite émancipation, elle ne l'a gagne que grâce à son mari : s'il n'était pas le réalisateur de "Drive", son docu aurait moins intéressé. Son émancipation dépend donc très fortement de Refn, ce qui revient à se demander s'il s'agit vraiment d'émancipation ?