My Sunshine
6.4
My Sunshine

Film de Hiroshi Okuyama (2024)

Tout est dit dans ce titre en apparence simple mais qu'on pourrait presque dérouler à l'infini : « Mon soleil ». Le soleil est tantôt symbole d'éternité, de vie, de joie, de sagesse, d’harmonie, d'espoir, de parenté, de commencement ou encore de jeunesse. « Regarde toujours dans la direction du soleil levant et tu ne verras jamais l'ombre derrière toi ». Il est question de tout cela dans My Sunshine, film en état de grâce qui a rafraîchi autant qu’il a ébloui les festivaliers à Cannes.


La plus grande énigme, pour le jeune Takuya, reste encore celle de la vie. Tapi dans l’ombre de son intériorité, immaculée comme les paysages enneigés d’Hokkaido, il peine à s’affirmer. Aussi fait-il du hockey comme tous les garçons, sans grande conviction, simplement pour suivre le mouvement des autres et passer l’hiver sans trop s’ennuyer. C’est alors qu’arrive la fille de Tokyo. Sakura, « fleur de cerisier », annonciatrice du printemps. Takuya ne peut s’empêcher de l’épier, subjugué, lorsqu’elle pratique le patinage artistique dans la même patinoire que la sienne. L’adolescente est aussi vibrante, gracieuse et déterminée que Takuya est hésitant, maladroit et effacé. Alors que le soleil de l’hiver se fait irradiant à la surface de l’eau gelée, l’adolescent va sentir son cœur battre, pour la première fois. Commence alors une longue série d’entraînements à l’abri des regards, où Takuya tente de reproduire tant bien que mal les mouvements virevoltants de Sakura. Touché par sa détermination autodidacte, le coach de cette dernière décide de l’entraîner, d’abord à titre individuel, puis en duo avec la jeune Tokyoïte. En tant qu’ancien champion du monde de patinage en couple ayant atteint des sommets, on devine combien est grand pour lui l’enjeu de transmission. Deux philosophies vont se croiser. Deux philosophies pour affronter la vie, qui se complètent aussi. Entre la jeune fille confiante de la capitale, un brin téméraire, et le garçon introverti de la campagne, il est une complicité que les mots seuls ne suffisent pas à définir. Celle de deux corps qui s'ouvrent, de deux êtres qui s'éloignent peu à peu de l'enfance dans un beau voyage initiatique qui les entraîne dans des tourbillons de sensualité, où tout est candeur, fraîcheur… et synchronicité dans des sauts spectaculaires ! Mais cette belle histoire de mentor à élève va finir rattrapée par les préjugés sociétaux, qu’on pourrait tout aussi bien qualifier d’enfantillages des adultes… Billy Elliot (Stephen Daldry, 2000) s’avère toujours autant d’actualité.


Sous forme de tableaux radieux, entre montagnes, neige et lacs, les gestes des protagonistes s’affinent et s’accordent joyeusement au changement de saison. Les scènes de patinage se font de plus en plus denses et cadencées, sortes d’évocation chorégraphique des relations qui se nouent. La parfaite symétrie des cadrages baignés par la lumière hivernale vient rehausser l’harmonie qui s’établit entre les trois protagonistes, dans une histoire qui n’appartient qu’à eux, avec cette touche d’espièglerie si chère à Wes Anderson. Plus qu’un feel-good movie, My Sunshine est comme une fugue, un pied-de-nez aux idées reçues, un hymne à la volonté au service de la poésie et des rêves.


ocean_jogging
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le 6 déc. 2024

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