Je suis d'ordinaire plutôt critique à l'égard du cinéma français, que je trouve arrogant, se donnant des moyens conséquents pour n'accoucher que de films petits et sans saveur qui se ressemblent tous plus ou moins.
Mais c'est ici l'inverse qui est proposé : un film sans grandes ambitions, sans moyens colossaux, qui parvient pourtant à traiter son sujet avec pertinence, sans laisser de côté une esthétique particulièrement soignée.
Car, à première vu, le film s'engage sur du déjà vu : La jeune fille et les loups, Deux frères ou encore Sauvez Willy traitent de sujets similaires. Et on pourrait être suspicieux quant à la venue d'un énième film évoquant une amitié entre l'homme et l'animal sauvage que la nature va devoir rappeler. Pour autant, il y a ici une touche de retenue et de modestie incarnée par Vincent Elbaz, particulièrement convaincant en père dépassé, qui donne une atmosphère de tendresse et de justesse au film que ces autres œuvres n'ont pas, ou seulement très peu. Cette tendresse est en outre très bien entretenue pendant le film par le duo formé par Shanna Keil et Mystère.
On a envie d'y croire, comme on a envie de croire au conte qu'on nous raconte enfant.
Mais plus encore, le scenario est soigné et étudié : il est relancé par les interventions pleines de fraîcheur d'Eric Elmosnino, et par l'ouverture de champs de réflexion autour de la chasse, de la nature, de la place de l'homme, etc. Champs de réflexion certes seulement survolés, mais avec une prise de parti assumée et sérieuse par le film. Ce qui empêche le film de tomber dans la mièvrerie ou le pathos exclusif.
On peut également noter des plans et des raccords d'une véritable beauté, faisant de ce film un film qui parle d'abord, et avant toute autre chose, de la nature. Cette famille, ce village, cette intrigue n'existent qu'au milieu d'une nature toute puissante et de toute beauté. Et la relation de l'homme à cette dernière est fréquemment remise en question, entre ignorance, destruction, supériorité, danger...
Notons tout de même quelques manquements. D'abord le maître du village, volontairement ridiculisé sans véritable raison rappelle les heures sombres des comédies françaises sans intérêt ni génie ; une gestion de la temporalité parfois approximative ; et un scénario un petit peu précipité quant au mutisme de Victoria soigné en moins de dix minutes. Ne laissant pas le spectateur être gêné par cet handicap, le réalisateur empêche le spectateur de pleinement mesurer le soulagement et le bonheur du père, et par conséquent le symbole que peut représenter Mystère. D'autant plus que le film est très court. Rajouter dix minutes à ce sujet n'aurait pas été malvenu !