Agatha Christie et les adaptations
Agatha Christie et Sir Conan Doyle doivent être fier de toute la popularité acquise par leurs personnage au fil des décennies. A travers de nombreux ouvrages, films et séries, il est devenu impossible aujourd’hui de ne pas connaitre ces deux détectives privés que sont Hercule Poirot et Sherlock Holmes.
Le sujet qui nous intéresse aujourd’hui est bien sûr Hercule Poirot. Ce détective privé né en Belgique, sera mobilisé en tant que chef de la sécurité pendant la première mondiale. Blessé à la jambe, il sera déclaré invalide et rapatrié dans son pays. Quelques années plus tard, il deviendra détective privé et s’installera à Londres. Cet homme, est d’une précision chirurgicale, analysant chaque fait et geste. Mais son principal défaut est l’orgueil . Toujours habillé de façon classe,il aime être mis en avant pour son intelligence et n’aime pas que l’on remette en doute ses déductions.
Hercule Poirot a maintes fois été adapté au cinéma et la TV. Mort sur le Nil ainsi que Le Crime de l’Orient-Express restent d’ailleurs les deux seuls livres à ma connaissance à avoir été adapté autant de fois (cinéma, télé, bandes dessinées et jeu vidéo).
Kenneth Branagh
Il était donc normal qu’une nouvelle adaptation cinéma des romans d’Agatha Christie voit le jour. Et c’est Kenneth Branagh qui fut choisi comme réalisateur pour Le Crime de L’Orient Express en 2015 (Le film est sorti en 2017). Mème si je ne le trouve pas physiquement adapté pour interpréter Hercule Poirot, je dois dire que dans ce premier film il sait jouer de son personnage. Peut-être trop à mon avis par l’excès de confiance qu’il met dans son interprétation. Sans oublier l’énorme moustache que Kenneth Branagh arbore et dont on ne peux passer à coté, une moustache à la limite du ridicule. Mais à Croire Agatha Christie, c’est cette moustache dont il est le plus fier.
Dans la deuxième adaptation, Mort sur le Nil, Hercule Poirot est obligé de reprendre du service alors qu’il rentre sur Londres. Les décors somptueux et la photographie superbe mettent en lumière l’Égypte des années 40. Et tout comme les livres, l’enquête se passe à un huit clos , avec cette fois un navire de croisière comme scène de crime.
Les deux premiers opus font la part belle au passé d’Hercule Poirot. Dans Le Crime de L’Orient-Express, on découvre que le détective est profondément attristé par la perte d’un être cher que l’on peut découvrir sur une photo encadré qu’il a sur lui lors de ses voyages. Mais c’est dans Mort sur le Nil que l’on en apprend beaucoup plus. Son passé est clairement expliqué lors d’une scène se passant durant la première guerre mondiale.
Les deux premiers films ont toujours eu pour moi des rôles principaux et secondaires bien écrits. Et je ne saurais dire ce qu’il motive Kenneth Branagh, mais le casting est toujours quasiment 5 étoiles. Mais le revers de la medaille, dnoces el snad todaG laG te sserpxE-tneirO’L ed emirC eL ruop peeD ynnhoJ : reirtruem ud semitciv sel tnos iuq serbèléc sruetca sel sruojuot tse’c euq tse’c.
Mystère à Venise
L’évocation d’un troisième film sur les aventures d’Hercule Poirot se fait alors même que le tournage de Mort sur le Nil n’est pas encore fini. Avec l’aide de son scénariste Michael Green, Kenneth Branagh aura l’idée de mettre une histoire de fantômes, tout en s’inspirant d’une nouvelle d’Agatha Christie « Le Crime D’Halloween ». Nouvelle qui avait pour titre original La fête du potiron. Cette nouvelle a d’ailleurs fait l’objet d’une adaptation TV, mettant mettant en scène David Suchet dans le rôle titre.
Mais si Mystère à Venise est adaptée de la nouvelle d’Agatha Christie, le film de Kenneth Branagh s’inspire aussi d’un recueil de nouvelles sur le surnaturel.
Critique
La première erreur de Kenneth Branagh est de ne pas avoir été patient pour peaufiner son script. Car si Le Crime d’ L’Orient-express est sorti en 2017 et Mort sur le Nil 5 ans plus tard, il n’aura fallu qu’un an pour que le troisième opus sorte. C’est peu et cela se sent.
D’abord sur le personnage d’Hercule Poirot. Ce dernier semble avoir le caractère effacé de toute caractéristique comme l’arrogance. N’en restera qu’un gimmick usé jusqu’à la corde que même Branagh est fatigué de jouer : La taille parfaite des œufs qu’il achète. N’y avait-il pas d’autres choses à jouer pour avoir un semblant de personnalité ? Même David Suchet a fait mieux durant 6 saisons.
Brannagh interprète un Hercule Poirot qui laisse le spectateur passif et non impliqué par les événements qui se passe à l’écran. On a l’impression qu’il cherche plus à démystifier les fantômes et le spiritisme plutôt que de chercher réellement le meurtrier. Toutes les caractéristiques qui font d’Hercule Poirot un personnage hauts en couleurs semblent ici avoir été effacé du protagoniste.
Quant à la photographie, elle semble terne et froide comme si on avait posé un voile gris sur le projecteur. Tout est en nuance jaune sépia, avec peu de couleurs opposées. Le tout étant accompagné d’une musique à base de violons monocorde et sans richesses de tons. Certainement pour accentuer le ton de l’œuvre qui se veut pour avoir comme fil rouge l’ésotérisme. Mais cela est trop appuyé et efface le coté enquête des aventures d’Hercule Poirot pour faire basculer le film dans un genre que Kenneth Branagh n’arrive pas à contenir.
Mystères à Venise fait aussi la part belle aux dialogues plus que la fulgurance qui fait une des caractéristiques du personnage principal. Mais c’est aussi parce le film se prétend être chose que ce qu’il devrait être.
Peut-être que le réalisateur voulait se démarquer du genre , mais pour moi c’est à moitié réussi.