Un récit à tiroirs fascinant
Nous voici reportés en plein XIXè siècle avec un titre qui nous renvoie bien évidemment à l'oeuvre fleuve d'Eugène Sue : Les Mystères de Paris, parue en 1842 , à la différence près que l'oeuvre, dont est tirée l'adaptation de Raùl Ruiz , a été écrite en 1854 par un auteur portugais du nom de Camilo Castelo Branco.
On y retrouve son lot de secrets de familles, d'amours contrariées ou clandestines, ces naissances d'enfants illégitimes, et jalonnant le récit, tout au long de voyages qui nous emmènent jusqu'au Brésil, du Portugal à l'Italie en passant par la France, la présence récurrente de personnages clé, aristocrate libertin repenti par amour des hommes, excellent Adriano Luz : Père Dinis énigmatique et plein d'empathie, ou pirate sanguinaire, reconvertis en prêtre et hommes d'affaires florissant.
Et, comme un leitmotiv, tout au long d'un récit à tiroirs au ton ludique et parfois truculent, la quête identitaire et désespérée d'un jeune orphelin retrouvant sa mère pour mieux la perdre, dépassé par les intrigues d'un passé qui peu à peu va se reconstituer sous nos yeux et les siens.
Une première partie absolument fascinante qui m'a tenue en haleine jusqu'au bout, dans une mise en scène brillante avec jeux de miroirs et théâtre miniature illustrant les moments charnières du récit, une seconde qui l'est moins avec des longueurs inévitables, surtout dans les scènes qui se passent en France, beaucoup moins inspirées, et où Melvil Poupaud, voire Malek Zidi, que j'apprécie d'habitude, ni a fortiori Clotilde Hesme ou Léa Seydoux ne m'ont paru convaincants.
Heureusement l'intérêt repart vers la fin, lorsque la boucle est enfin bouclée.
Une réalisation globalement belle et audacieuse, un foisonnement romanesque et labyrinthique: il fallait oser, Raùl Ruiz l'a fait.