Le deuxième film de Gregg Araki que je visonne, il m'avait laissé estomaqué avec ce final complètement barré de "Nowhere", ici son "Mysterious Skin" est résolument moins psychédélique mais tout aussi étrange et substantiellement intéressant.
Ce qui m'a frappé immédiatement c'est cette touche "Araki" que j'ai retrouvé, une réalisation particulière fluide et séduisante, avec un côté 90s dans le grain, comme une VHS qu'on aurait retrouvé par mégarde dans un vieux carton. Pendant un moment j'aurais juré que le film datait d'environ 1998-1999, dans la foulée de "Nowhere" (1997), mais quand j'ai vu Gordon-Levitt je me suis dis que c'était impossible, j'ai vérifié vite fait sur SC et ça date bien de 2005, je suis resté tout à fait étonné, le style est jouissivement rétrospectif.
Le réalisateur aborde à nouveau des thèmes qui semblent lui être chers comme l'homosexualité, la perte de repères, la fuite cosmique ou le paranormal, le film est l'adaptation du roman de Scott Heim, un choix personnel qui s'apparente tout à fait à son univers, ou alors a-t-il simplement englué l'histoire avec ses thématiques ...
Attention zone de spoil :
Le récit raconte le destin de deux jeunes garçons qu'apparemment tout oppose mais qui gardent un lourd secret, l'un tente de le faire revenir à la surface de son subconscient et l'autre tente de le fuir. Araki nous mène en bateau pendant un long moment avec son allégorie extraterrestre, le mythe de l'enlèvement, de l'exploration corporelle, tout cela n'est en fait que le symbole du viol pédophile que Brian a subit étant enfant, d'un épisode traumatisant de son enfance qu'il a effacé instantanément de sa mémoire sélective, il tentera de se convaincre que la réponse viendrait d'un OVNI (j'ai repensé à la scène où le vaisseau passe au dessus de la maison, après coût je ne la comprenais pas trop puisque sa sœur et sa mère sont présentes, sans doute un événement provenant de son imaginaire nourrit aux films de Spielberg) il se passera des années avant qu'il puisse enfin combler ce vide.
Neil lui n'est qu'une autre victime mais totalement consentante et instrumentalisée, sa perversité finira par se retourner contre lui et son acte de jeunesse resurgira contre sa volonté pour enfin tout avouer à Brian, le film se termine sur le destin brisé de deux âmes en peine voulant fuir ce monde qui n'aura fait que voler leur heureuse et candide jeunesse.
"Mysterious Skin" est un film poignant, fascinant et perturbant avec une vraie patte de réalisateur passionné, il m'a bien mieux convaincu que le bordélique (mais plutôt brillant) "Nowhere", Araki cette fois tu marque des points.