La vitesse, la pluie, un accident. La première séquence de Mystery, la meilleure du film, est d'une incroyable violence et d'une belle efficacité. Encensé par les critiques, le nouveau film de Lou Ye surprend par le délitement d'un scénario comme livré à lui-même, court-circuitant le plus souvent de bonnes idées par une écriture approximative.
La mise en scène elle-même, souvent inventive, se surexploite jusqu'à plus soif. Si la caméra portée, presque tactile, contribue au sentiment d'enfermement qui accompagne les héroïnes, elle finit par plomber une première partie bientôt privée d'oxygène. On veut qu'elle recule, qu'elle nous laisse respirer, qu'elle change de point de vue.
Récit d'adultère et de double vie sur fond de société en mutation - la Chine et sa nouvelle bourgeoisie - Mystery, malgré un premier tiers intéressant, ne parvient jamais à nous captiver. C'est qu'à force de privilégier la forme, Lou Ye reste en surface. La jalousie, la volonté de nuire, la machination, le sado-masochisme, tous thèmes amorcés mais jamais approfondis, devenant de simples figures formelles, restent en surface d'un récit qui ne passionne jamais. Si l'on ajoute au trio de base le flic et le garagiste, on se perd bien vite dans des histoires annexes qui n'apportent que confusion à un ensemble déjà bien brouillon.
On regrettera donc que de belles idées de mise en scène (très beaux plans aériens, beau travail sonore) et un matériau de base pas plus mauvais qu'un autre, ne construisent un film moins anecdotique et plus passionnant. Malgré quelques scènes efficaces, on s'ennuie bien vite, jusqu'à se désintéresser totalement du destin des personnages.
À noter qu'un film dont le générique est composé en Comics Sans MS ne peut, n'a jamais pu, ne pourra jamais, être totalement réussi.