Rivière sans retour

Adaptant un polar de Dennis Lehane, Clint Eastwood signe une œuvre sombre et pessimiste, assez loin des standards de l'entertainment hollywoodien, dont le visionnage se révèle parfois éprouvant.

Le réalisateur peut s'appuyer sur un une distribution impressionnante, dont se distinguent particulièrement Sean Penn et Tim Robbins dans des rôles complexes (un Oscar chacun en 2004), mais aussi Marcia Gay Harden (saisissante) et le duo d'enquêteurs composé de Kevin Bacon et Laurence Fishburne.
A contrario, le jeune comédien qui incarne Brendan, le petit ami de la victime, ne se montre guère à son avantage.

"Mystic River" offre un mélange de polar envoûtant et de drame déchirant.
Œuvre de Brian Helgeland, le scénario prend son temps, histoire d'imprégner le public de l'atmosphère des lieux (un quartier populaire de Boston) et des événements, mais je n'ai pas ressenti de longueurs malgré la durée conséquente (2H15).
Il faut souligner le travail remarquable sur l'ambiance (les décors, la luminosité contrastée à différentes heures de la journée...) et sur la psychologie des personnages.

Il n'empêche que la nature d'adaptation littéraire s'avère trop visible par moment ; on distingue un peu trop les coutures du roman original au cours de certaines scènes. Ainsi, le background familial de Kevin Bacon apparaît assez gratuit, destiné à lui offrir artificiellement une certaine épaisseur psychologique.
Parmi les quelques bémols, on pourra aussi déplorer la platitude de l'explication de l'énigme criminelle.