De belles idées mais un manque de crédibilité qui nous fait rester de marbre

On a ici un film qui tente de restituer avec naturalisme l’adolescence et ses déboires, mais qui, malgré de bonnes idées, et des scènes pleines de poésie, manque malheureusement beaucoup d’authenticité et de crédibilité.


Il ne faut certes pas oublier que c’est le premier film de la réalisatrice Céline Sciamma, que j’affectionne beaucoup surtout pour son Portrait de la jeune fille en feu dans lequel on retrouve une des deux actrices du duo de Naissance des pieuvres, Adèle Haenel, une actrice que l'on ne présente plus aujourd'hui.

Cependant, c’est un film très maladroit, et malheureusement qui manque cruellement de crédibilité. On ne croit pas à leurs sentiments, ni au désir qui monte, ni à leurs paroles qui semblent être des pensées d’adultes plaquées dans des corps d’enfants…


De belles idées de départ, un environnement parfait (la piscine, des entraînements de natation synchronisée, les vestiaires...) pour aborder le sujet de la puberté et propice à la montée du désir, mais la mise en scène ne nous emmène pas au cœur des personnages et de ce qu'ils ressentent, on peine à avoir de l'empathie pour elles et ce qu'elles traversent.


Où sont les parents ? Au début du film, Floriane a besoin de Marie pour pouvoir sortir sans que ses parents ne bronchent, puis plus tard elle peut aller en boîte et rentrer chez elle au beau milieu de la nuit sans souci ? Qui laisse entrer des gamines de 15 ans en boîte, surtout quand on voit Marie qui ressemble encore très fortement à une enfant??

La scène de dépucelage manque aussi cruellement de crédibilité…À leur âge, et ce qui semble être le souci de Floriane, c’est d’être “dépucelée” par un homme, elle n’ont sûrement pas encore la notion, à leur âge et en 2006, que faire l’amour avec une fille c’est aussi ne plus être vierge. A cet âge là, on a peur que “ça fasse mal”, on a peur de l’acte précis de la pénétration, car c’est ce qui fait peur à Floriane. Ca ne fait aucun sens qu’elle demande à Marie de la dépuceler en la touchant, dans une scène sans désir, avec peu d'émotions. C’est une scène où l’on sent que le regard d’une adulte, déjà déconstruit sur ces questions quelles soient d’ordre sexuelles mais aussi de la possibilité d’aimer quelqu’un du même sexe, prend le pas sur l’authenticité des réels questionnements et problématiques d’adolescentes qui traversent les montagnes russes de la puberté.


La scène où l’amie de Marie enterre son soutien-gorge dans le jardin du garçon qu’elle aime ne fait pas sens non plus, leur échange au MacDo est cruel par les mots, mais les émotions ne sont pas là non plus…


C’est tout de même un film qui prend le risque de parler d’amour entre jeunes filles, sans parler de honte vis-à-vis du sentiment homosexuel et du regard des autres, et pour cela, c’est chouette. Je pense que c’est un film qui avait un réel potentiel avec des éléments de départ très intéressants (la grâce des corps avec la natation synchronisée, l'esthétisme de la piscine, l’eau, la complexité de vouloir plaire…) mais qui n’a pas réussi, selon moi, par sa mise en scène, son scénario maladroit et l’interprétation des actrices, à nous emporter là où je l’y attendait.






Sygma
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le 28 mai 2024

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