Histoire stupéfiante d'une petite fille abandonnée et qui apprend à survivre toute seule. Le rôle tenu par la petite Kelyna Lecomte est proprement ahurissant, elle témoigne d'une force extraordinaire qui sublime son personnage. Elle nous offre à voir, sans voile, la magie et le génie de la petite enfance. C'est d'ailleurs un peu limite, ce qu'on sort d'elle. Je ne sais pas si j'aurais accepté que ma fille joue un tel rôle. La mort du cochon, qui inaugure le film, d'une violence crue, annonce la mort de l'enfance, tout aussi violente et soudaine. La mise en scène est sobre, un peu distante, tout en plans fixes, sans musique, sans dramatisation excessive. Elle laisse tout le champ libre à la fillette, qui dévore littéralement le film. La nature est filmée avec une grande sérénité, qui rappelle "Partie de campagne" ou "Lady Chatterley". En revanche, le scénario est vraiment pauvret. On aurait aimé avoir plus de réponses, notamment sur la disparition de la mère. L'avant-dernière scène est trop ambiguë pour être satisfaisante. La fin est bâclée. Et il aurait fallu aller plus loin dans l'atmosphère du conte, donner à l'image quelque chose de merveilleux. C'est dommage, car c'est ce genre de détail qui transforme ce qui aurait pu être un chef d'oeuvre en un film certes remarquable, mais imparfait.