Napoleon had mommy issues, too

Ridley Scott avait prévenu, ce film n’est “ni un biopic, ni une oeuvre historique”. Histoire de dire qu’il a voulut raconter Napoléon par l’esprit plutôt que par la lettre, soit. Sauf qu’il se permet quand même des petites folies (les coups de canons sur les pyramides dont tout le monde parle -à juste titre-, la cocarde façon tir de sniper dans le chapeau du Petit Caporal, et j’en passe) qui vont au-delà de la limite du raisonnable en terme de réinterprétation.

Alors c’est vrai, 2h30 pour raconter Napoléon c’est peu mais j’aurais au moins aimé trouver de quoi m’attacher un minimum au personnage… Même pas une seule scène où l’on voit Joaquin avec la main sur la bidoche, bougre! Au final, c’est un Napoléon mou du genou qui à l’air de subir son destin plus qu’autre chose. On a la sensation qu’il ne voulait rien de tout ça, qu’en fait il est pas bien dans sa peau et qu’il n’avait rien demandé. En gros, pas de quoi laisser grand chose à béqueter au génial acteur qu’est Joaquin Phoenix. De quoi regretter aussi le choix de Tahar Rahim que l’on fait jouer un français qui parle un anglais américain (si si, je vous jure, et il s’en sort pas si mal sur l’accent en plus). D’ailleurs niveau linguistique, ça n’a ni queue ni tête; ils parlent tous un anglais américain (même les autrichiens) jusqu’à ce que les anglais arrivent (qui, eux, ont un accent British -le seul aspect qui a du sens jusqu’ici-). Le pire étant la prononciation des noms français -le Maréchal Caulaincourt se retourne dans sa tombe-, que l’on savate au bon vouloir.

Aussi le premier exil sur l’ile d’Elbe a davantage les airs d’un séjour de santé sur une belle île italienne plus qu’autre chose, et son comeback pour convaincre ses anciennes troupes est encore moins crédible. Un simple “Eh, vous vous souvenez de moi les potes?!” et c’est repartit pour un tour…

Heureusement il n’y a pas que du mauvais. Il y a quand même des beaux clins d’œils artistiques (Napoléon devant le Sphinx de Jean-Léon Gérôme & Le Sacre de Napoléon par Jacques Louis David, évidement). Il manquait plus qu’à réinterpréter le Napoléon Traversant les Alpes de Jacques Louis David et le trio était au complet. La musique, aussi, est assez bien choisie et les quelques morceaux avec une touche plus contemporaine passent subtilement. Mention spéciale pour les quelques scènes d’amour qui ont le don d’apporter un brin d’humour et de légèreté au tout.

Bref, vivement la version de 4h que l’ami Ridley est en train de nous mijoter…