Un roman photos sans âme.....

Napoleon retrace la conquête acharnée du pouvoir par Bonaparte à travers le prisme de ses rapports passionnels et tourmentés avec Joséphine, le grand amour de sa vie.

Napoleon est un biopic consacré au capitaine devenu Empereur qui déclara la guerre à l'ensemble des pays européens. Le Napoléon de Ridley Scott est le contraire d'une déclaration d'amour à l'un des personnages les plus illustres de l'histoire de France. Anglo saxon et natif de la perfide Albion, le réalisateur britannique déclare que les français ne s'aiment pas assez. En tous les cas, le portrait qu'il dépeint du natif d'Ajaccio le plus illustre de l'histoire de France est plein de raccourcis et peu flatteur.

Romance et scènes de bataille

Après nous avoir montré l'horreur révolutionnaire de la guillotine, Ridley Scott va alterner durant 2h38 les trop nombreuses scènes de romance entre Napoléon et Joséphine de Beauharnais et quelques images de batailles (Austerlitz, Waterloo...), gravées dans le Panthéon de l'Histoire. De la séduction au mariage, de la dissolution du mariage aux regrets de l'Empereur, l'ombre de Josephine plane en permanence sur le film et finit par devenir envahissante. Il s'avère que Joséphine de Beauharnais (Vanessa Kirby), veuve 2 enfants, avait la "cuisse légère". Longtemps, l'Empereur qui la "besogne" souvent dans des séquences de "saillies de 2 minutes douche comprise" hésita à la quitter. Il s'y résoudra finalement en l'absence d'héritier...De là à nous faire croire qu'il ne s'en est jamais remis, il y a un pas que je ne franchirais pas, leur mariage étant devenu depuis longtemps un mariage de raison.

Napoléon souffre également de quelques scènes de batailles qui tombent "comme un cheveu sur la soupe", ces dernières alternant avec des séquences de romance ou montrant l'Empereur monter sur un trépied en Egypte pour contempler la tête d'une momie placée dans un sarcophage (et nous rappeler que le "grand homme" faisait moins d'1 mètre 70 (On attend le biopic de Ridley Scott sur Hitler....^^)). Quant au générique de fin, il égrène le nombre de morts causées par les batailles napoléoniennes (Plus de 3 millions....oui la guerre tue et elle tuera encore bien davantage par la suite avec les progrès induits par la révolution industrielle....).

Au final, Napoléon selon Ridley Scott manque de liant, c'est un roman photos "à l'eau de rose", sans âme, avec un Joachim Phoenix avachi sans flamme.

Un biopic médiocre, lacunaire et orienté

La vie de Napoléon est composée d'ombres et de de lumières sur lesquelles Ridley Scott demeure muet. Le film ne dit rien sur l'assassinat du Duc d'Enghien, emprisonné puis fusillé sans raison au chateau de Vincennes, une tâche indélébile que l'histoire portera au débit de l'Empereur. Jamais on ne rappelle que le mandat initial de Napoléon consistait à "garantir" les frontières géographiques de la France révolutionnaire, ce qu'il fit et même plus.... Le film n'évoque jamais la modernisation de la société française (création du code civil voulue par l'Empereur, naissance d'une administration française (Conseil d'Etat, Préfecture...)) ainsi que les difficiles relations de ce dernier avec les membres de sa famille, notamment ses frères Lucien et Joseph, souvent encombrants, placés à des postes clefs, durant tout son règne (...). Enfin, Ridley Scott réussit le challenge de ne jamais filmer son personnage principal la main sur l'estomac, signe du ressenti douloureux d'un cancer gastrique croissant, qui l'emportera, comme il avait emporté son père avant lui.

Mais pour tout cela, encore fallut il que Ridley Scott, dont j'apprécie pourtant généralement beaucoup la filmographie, connut mieux l'histoire de celui qu'il avait choisi de porter à l'écran surtout que Napoléon est l'un des rares personnages historiques déchaînant autant les passions.....peut être devrait il se pencher sur les livres de Jacques Bainville ou de René Girard (Achever Clausewitz)?

Trailer

Ma note: 4/10