Une esthétisation de la guerre très mal placée

Film à la structure vraiment très étrange, qui traite la vie de Napoléon par sortes d'épisodes ponctués par des flashes blancs. Ridley Scott se complait à sublimer la guerre et met ses spectateurs dans une position très inconfortable de voyeurisme forcé sur la violence et la brutalité. C'est un film fait par un homme qui montre d'autres hommes qui en envoient d'autres se charcuter entre eux. Combien de fois doit-on voir le sang des cavaliers russes se diluer dans le lac glacé lors de la bataille de Borodino ? C'est une image certes très visuelle (nuées de sang rouge pourpre qui se répendent dans l'eau, les brisures de la glace qui ajoutent une géométrie naturelle...) mais qui n'a pas besoin d'etre montrée plusieurs fois.

Les seuls deux points positifs sont la performance toujours si pointue et touchante de Joaquin Phoenix, un génie de son temps, qui réussit à incarner les contradictions de Napoléon. J'ai étrangement beaucoup ri pendant le film car il montre la "banalité" de la révolution, c'est-à-dire la simplicité par laquelle des événements qui sont considérés et dépeints comme épiques, historiques, fondateurs de l'histoire de la France, ont été finalement une succession de petits actes et de décisions prises entre deux couloirs.