Angle mort
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Je veux bien qu'un film ne soit pas un documentaire. Aussi bien est-il futile de reprocher à celui-ci son manque de rigueur historique. On passera donc sur les invraisemblances historiques qui s'accumulent dans ce "Napoléon", rendant son visionnage abominable pour tout spectateur un peu au fait de la geste impériale… alors même qu'il est le seul capable de suivre. Les autres peuvent sortir : ils ne comprendront rien.
Rien n'est expliqué : pourquoi Napoléon est-il sacré ? Pourquoi commence-t-il par être révolutionnaire ? Pourquoi envahir la Russie ? Qui prend la tête de la France après Napoléon ? Pourquoi l'exil à Sainte-Hélène ?
Bien sûr, si vous connaissez un peu l'histoire de France, vous savez tout ça ; mais sinon, non, et vous décrochez.
Ah non, pardon, il y a un truc que l'on suit très bien : Napoléon aime vraiment très fort Joséphine. La scène où ils se rencontrent est d'ailleurs l'une des rares réussites. Dommage que leur relation le soit beaucoup moins, Scott et ses scénaristes ayant résumé l'ensemble de l'épopée napoléonienne, en une indigeste reductio ad Josephinam, aux problèmes du couple Bonaparte.
Les scènes de bataille, sanglantes, sont relativement faciles à suivre, mais dépourvues de panache. Pendant la première partie du film, on dirait que Napoléon ne sait résoudre ses problèmes qu'à coups de canon. Et pendant la seconde, les invraisemblances militaires se poursuivent (on ne fait pas charger ensemble l'infanterie et la cavalerie, on ne tire pas au canon sur des pyramides, on ne prend pas part au combat quand on est souverain, etc).
Cerise sur le gâteau (ou sur le tas de cendre), on peut regretter que Scott ait choisi de sacrifier à une certaine mode en faisant jouer certains personnages ou figurants par des acteurs noirs sans raison. Passe sur les députés de la Convention, plusieurs venaient des colonies, mais il y a quelque surprise à voir des soldats britanniques noirs au début du XIXe siècle à Waterloo. A cet égard, s'il état judicieux de montrer le général Dumas (père d'Alexandre Dumas et "créole de couleur" comme on disait à l'époque), il reste un peu en retrait (comme, du reste, Ney et Davout ; quant aux autres, ils n'existent pratiquement pas).
Quelques scènes bien enlevées, comme la canonnade d'Austerlitz au son d'un Kyrie corse (BO invraisemblable, mais qui passe bien ici) ou la rencontre de Joséphine et Napoléon évoquée plus haut, ne suffisent pas à sauver ce gros navet. On préférera revoir le Waterloo de Bondarchouk ou même la mini-série avec Clavier.
Créée
le 1 mai 2024
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