Filmé avec des recettes de cuisine série B (zoom, contre-plongées, caméra à l’épaule) par un Ishii Teruo cadrant correctement en Scope, An Outlaw serait un yakuza eiga choisissant en 1964 la Bondxploitation plutôt que le ninkyo classique. Effet décuplé vu d'aujourd'hui par la présence de Tanba Tetsuro en méchant des années avant sa participation à la franchise 007. Si le film part de la trahison d’un tueur lors d’un contrat, il reprend le principe touristique de Bond : Hong Kong vue sous l'angle des HLM pourraves, des coins sous influence architecturale occidentale, des coins traditionnels chinois et des bidonvilles, Macao choisie pour ses ruelles évoquant Lisbonne et l’Andalousie (des années avant que To ne la choisisse comme Almeria d’Asie pour son Exilé hommage au Western Spaghetti). Et parce que comme pour Bond il y est question de classe : classe de Tanba/Takakura en trois pièces, fashion show pré-In the mood for love de la prostituée manipulatrice... Avec un peu de sexe refoulé : les filles veulent coucher avec Ken mais lui pense à sa mission (il fait son seul bouche à bouche pour sauver la vie d’une femme). Citant le film comme un des modèles de The Killer, John Woo a sans doute vu là dedans un moyen de faire le lien entre l’Asie et le cinoche occidental qu’il aimait : les deux truands qui font équipe après avoir été trahis par la même fille, flic et voyou faisant une trève pour sauver une vie, Takakura vantant son refus de la trahison, les filles charmées devant Ken comme devant Sean Connery ou Alain Delon, le jazz du début du film qui a peut être évoqué à un Woo le souvenir du score d'A Bout de souffle. Et cette fin assez proche dans l'esprit du Film Noir américain. Pour un B movie correct et plein de charme.