Natural City (2003) -내츄럴 / 114 min.
Réalisateur : Min Byeong-cheon - 민병천
Acteurs principaux : Yu Ji-tae - 유지태 ; Lee Jae-eun -이재은 ; Seo Lin -서린 ; Jeong Eun-pyo -정은표
Mots-Clefs : Corée ; SF ; Cyberpunk ; Blade Runner.
Le pitch :
2080. Les cyborgs font désormais partie de la vie quotidienne et ont une mort programmée. Commando d'une unité d'élite chargé de lutter contre la cybercriminalité, R doit arrêter Cyper, un cyborg de combat en quête d'immortalité. En parallèle de sa vie de policier, R rencontre la sublime Ria, une cyborg qui arrive en fin de vie. Amoureux, il n'a qu'une seule solution pour sauver sa belle : greffer la puce mémoire de Ria dans un nouveau corps et outrepasser les lois. Pour cela, il doit faire appel à Giro, un inquiétant scientifique qui vit à la marge et retrouver Cyon, une humaine dont le corps serait compatible avec une "âme" cyborg.
Premières impressions :
Basé sur le roman de Philip K. Dick " Do Androids Dream of Electric Sheep ?" dont était déjà tiré Blade Runner, Natural City n'est pas tant un remake coréen du film de Ridley Scott qu'une nouvelle adaptation du roman. En effet, même si de nombreux éléments narratifs se retrouvent dans les deux films, vingt ans les séparent, vingt ans durant lesquels l'Asie s'est emparée du thème du cyberpunk avec brio (Ghost in the Shell, Armitage), un héritage qui donne à Natural City une vision moins manichéenne.
Sorti en 2003, Natural City fait partie d'une vague de films asiatiques s'appropriant le thème des relations humains-machines (Wonderfull Days - 2004, Ghost in the Shell Innocence - 2004) qui tournent autour de la question qui semble hanter le Japon et la Corée en proie au développement technologique : "La machine peut-elle devenir plus humaine que l'homme ?". Débarrassé des notions religieuses, ces films peuvent s'émanciper du caractère sacré de la vie, ouvrant des possibilités sans donner de réponse.
Adorant ce thème, je dois confesser que je n'ai pas trouvé Natural City génial. Alors que GITS Innocence d'Oshii m'invite à de longues heures de philosophies, le film m'a perdu par sa narration erratique qui alterne des scènes de combats fouillies rattachées à la traque de Cyper, avec des scènes de narrations rattachées aux liens entre R, Lia et Cyon. Bien sûr les deux trames sont censées s'inscrire en miroir, opposant la violence des combats contre le méchant désigné à la prévenance dont R fait preuve à l'instar de Ria. Hélas, la première trame est menée de façon trop simple (le méchant pas beau doit être tué parce qu'il est méchant pas beau) ce qui l'empêche de résonner avec la puissance et la complexité de la trame sentimentale.
Du coup, là où le réalisateur voulait offrir une double lecture philosophique, voire une critique de la société confinant les individus à préférer les machines aux humains, il n'y a qu'un grand fourre-tout d'idées géniales gâchées. Et des idées géniales il y en a une tétrachiée, que ce soit dans les différences Ria/Cyon, où dans les détails lorsque le réalisateur Min Byeong-cheon montre Ria accrochée à un tamagochi. Pourquoi fallait-il alors que le réalisateur saborde ses moments de grâce en mettant en scène un scientifique clownesque et un grand méchant caricatural ?
La réalisation souffre également du même problème d'inconstance. Alors que certaines scènes nous plongent dans un décor purement cyberpunk et dans une ambiance post-apocalyptique, d'autres scènes sont des prises de vues réelles de Séoul auxquelles Min a rajouté un ou deux effets spéciaux kitchissimes. La distribution souffre aussi du même problème. Si les deux actrices Lee Jae-eun (Cyon) et Seo Lin (Ria) sont parfaites, Yu Ji-Tae (le méchant génial de Old-Boy) ne m'a convaincu qu'à moitié en R parce qu'il n'a pas réussi à me toucher même si c'est peut-être plus un problème de réalisation que de jeu. J'ai par contre beaucoup aimé la musique.
Pour conclure, Natural City me semble un film dispensable même si j'invite vivement les amateurs de Blade Runner ou de Ghost in the Shell à voir ce film pour profiter des superbes idées. Je le déconseille toutefois comme première approche au cyberpunk. Enfin, un petit mot au sujet du DVD français qui ne m'a pas époustouflé alors que la version coréenne est vivement recommandée par SanchoDoesAsia pour la qualité de son image et du son. Si vous n'avez pas peur des sous-titres anglais sauce coréenne peut-être vaut-il mieux acquérir cette version. Il existe également un Blue-Ray allemand pour les amateurs de la langue de Goethe.