Au tout début des années 80, le magazine japonais Animage souhaite mettre en place un projet avec le cinéaste Hayao Miyazaki. Après plusieurs faux départs, Miyazaki accepte de signer le manga "Nausicaa de la vallée du vent", à la condition qu'un long-métrage en découle. Débuté en 1982, le manga se verra momentanément stoppé pour mettre en chantier son adaptation cinématographique. Le succès de ce second film permettra au papa de Totoro de fonder son mythique studio Ghibli, dont "Nausicaa..." fera finalement parti quelques années plus tard.
En plus d'être une sorte de luxueux brouillon au définitif "Princesse Mononoke", "Nausicaa de la vallée du vent" intègre déjà les principales obsessions qui hanteront le cinéma de Miyazaki au cours des années à venir. On retrouve ainsi ce même message humaniste et écolo, prônant une harmonie entre l'être humain et son environnement, ainsi que cette fascination pour les aéroplanes de toute sorte et autres machines fumantes.
Empruntant autant au genre du post-apo qu'à l'imagerie chevaleresque et européenne, Miyazaki nous entraîne dans un monde fascinant où la nature a repris ses droits, où l'homme partage désormais la terre avec des insectes géants à l'allure de divinités. Un aspect théologique et religieux qui se retrouve également dans la caractérisation de son héroïne, figure christique débordant d'amour et vouant son existence à rapprocher les peuples, quitte à mettre sa propre vie en danger.
Le manga originel étant loin d'être achevé au moment où la production du film est lancée, le scénario s'avère du coup bancal et pas toujours très clair, la puissance et la richesse du matériau de base ne se retrouvant que partiellement à l'écran. Les seconds rôles et les sous-intrigues perdent clairement en profondeur et en limpidité, les deux heures du film ne pouvant que livrer une sorte de condensé relativement fidèle.
Ce qui n'empêche pas "Nausicaa de la vallée du vent" d'être un spectacle grandiose et magnifique, accusant certes quelques rides mais formellement abouti pour l'époque, proposant son lot de séquences impressionnantes empreintes d'une certaine poésie et magistralement illustrée par la partition très 80's de Joe Hisaishi. Une oeuvre imparfaite mais prometteuse, ce que viendra confirmer une palanquée de chef-d'oeuvres impérissables, qu'ils soient signés Hayao Miyazaki ou Isao Takahata.