Avec ce second métrage, Miyazaki démontre déjà toutes les qualités qui se retrouveront par la suite dans chacun de ses films.
Nausicaa est une ode à l'écologie, à la résilience, et à la différence, poétique et angoissée, profondément humaniste et pacifiste.
Ce film qui montre une humanité au bord du gouffre, à deux doigts de l'extinction, mais qui pourtant continue à s'entretuer pour la dernière grande arme de destruction massive qui donnera au pays qui la possèdera le pouvoir de dominer une parcelle de terre toxique fait froid dans le dos.
Le film est rempli de combats inutiles: entre les peuples bien entendu, mais également le combat de l'homme face à la nature qu'il croit hostile et responsable de ses malheurs, alors que loin d'empoisonner la terre, la foret de moisissures et ses protecteurs les Omus cherchent à assainir un monde transformé en décharge toxique par la folie des hommes.
Difficile de ne pas y voir un grand cri de colère mêlé de tristesse lancé à la face du monde par un Miyazaki à la conscience écologique affutée qui projette ses angoisses d'un avenir qui devient un peu plus certain chaque jour qui passe.
Nausicaa est donc de ce fait un film d'une grande noirceur et malheureusement quasi prophétique.
Pourtant loin de se laisser aller au désespoir, Miyazaki met au centre de son film cette princesse Nausicaa qui continue envers et contre tout à se battre pour sauver l'humanité de sa propre folie en lui ouvrant les yeux sur les peurs saugrenues qu'elle entretient vis à vis de ce qu'elle voit comme monstrueux juste parce que différent.
Le film est également une merveille de l'animation au découpage quasi sans la moindre faille, et même s'il accuse ses quelques années et peut éventuellement souffrir de la comparaison avec les films sortis sous l'étendard des studios Ghibli qui poussèrent un peu plus loin l'excellence déjà plus qu'évidentes de ce Nausicaä de la vallée du vent, il n'en reste pas moins un long métrage d'animation d'exception qui marque l'entrée dans la cour des grands d'une des figures majeures si ce n'est de LA figure majeure de l'animation de la fin du XXème siècle et du début du XXI ème siècle.
Alliant la grâce de la forme, la force d'un propos toujours plus d'actualité, et une passion communicative, Kaze no tani no Nausicaä touche le spectateur en plein cœur et répond à ses craintes légitimes pour l'avenir, partagées par Miyazaki lui même, avec une merveilleuse héroïne incarnant à l'écran tous les espoirs que nous devons continuer d'entretenir en l'homme, même si ceux-ci restent souvent suspendus dans le vent, et ne peuvent s'exprimer que sous la forme d'un point d'interrogation.
NB: je m'en voudrais de ne pas vous toucher un mot de l'excellent manga en sept tomes du maître himself qui ajoute pas mal de choses au film (le film se concluant de manière un peu précipitée à peu près au second tome du manga) . Un must du genre que je vous conseille aussi bien si vous avez aimé le film que si vous êtes un peu resté sur votre faim.