Sur une Terre envahie depuis 1000 ans par une forêt toxique qui se répand de jour en jour, la Vallée du Vent est un des rares endroits encore épargnés. Mais un jour, un vaisseau appartenant à l’empire tolmèque s’écrase dans la vallée, avec à son bord une bien étrange cargaison. Les Tolmèques se pressent pour récupérer leur bien, mais décident de s’installer dans la Vallée du Vent et de préparer là une attaque contre la forêt toxique. Malheureusement, l’impact humain et écologique d’une telle attaque sera considérable, et seule la princesse Nausicaä s’oppose à de telles actions…
Film fondateur s’il en est, Nausicaä de la vallée du vent marque le premier grand tournant dans la carrière d’Hayao Miyazaki, réalisateur qui, jusque-là, n’avait réalisé qu’un long-métrage et était resté cantonné aux séries télévisées. En adaptant son propre manga, Miyazaki bénéficie d’une liberté créative unique, et c’est sans doute bien ce qui assurera au film son succès, d'autant que c’est à ce succès que l’on doit la création des plus fameux studios d’animation asiatiques.
Des films produits par Ghibli, on trouve de nombreux germes dans Nausicaä. En effet, cette opposition entre la nature et la technologie, la recherche d’harmonie entre l’homme et la nature, la vacuité des combats quels qu’ils soient, sont des thèmes chers à Miyazaki. Toutefois, Nausicaä s’apparente davantage à un terrain d’essai qu’à une vraie œuvre de maturité. Ainsi, la finesse que l’on trouvera dans plusieurs Ghibli (à commencer par le chef-d’œuvre Mon voisin Totoro) n’est pas encore totalement présente, et l’écologisme dont fait preuve le réalisateur n’est pas ici un modèle de subtilité, le film nous proposant le couplet si habituel et assez pénible du respect mutuel entre hommes et animaux, ce qui ne serait peut-être pas aussi gênant si les animaux présentés ici ne revêtaient l’apparence de créatures aussi dangereuses que répugnantes, envers lesquelles l’attachement de Nausicaä passerait plutôt pour de l’inconscience.
Si, toutefois, on est prêt à passer sur les naïvetés dues à cet écologisme pas encore très fin et à excuser Joe Hisaishi de ne pas déjà être au niveau de ses futures compositions, on pourra goûter un très beau film d’animation, qui ne recule pas toujours devant l’excès ou le grand n’importe quoi (la scène avec le guerrier géant, heureusement courte), mais qui nous propose déjà des graphismes soignés, plein d’élégance, et un scénario bien mené aux péripéties captivantes. Pas encore de quoi faire un chef-d’œuvre, donc, mais on a largement de quoi patienter en attendant de voir les studios Ghibli naissants arriver à leur période de maturité.