The Invitation
Pas sûr qu'il sera encore possible de créer des liens d'amitié avec d'autres vacanciers après un film comme "Speak No Evil" !Du moins, comme cette relation qu'une famille danoise noue avec une autre...
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le 19 sept. 2022
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C'était sans grands espoirs que je lançais Speak No Evil : en effet, mon mari et moi avons vu la bande annonce du remake environ 38 fois a l'AMC, ce qui a fini par nous le faire détester avant même de l'avoir vu. Et le moins que l'on puisse dire est que j'ai été surprise, et que je n'ai pas du tout envie de voir le remake Américain.
Dans Speak No Evil, nous suivons le couple Danois Bjorn et Louise, ainsi que leur fille Agnes. Ils rencontrent en Toscane un couple Néerlandais a priori bien sous tout rapport, avec un père médecin qui plus est. Ces derniers invitent les premiers a passer des vacances aux Pays-Bas, et déjà on sent que quelque chose de louche se trame, parce que des Néerdlandais sociables ET avenants... quelque chose cloche....
Il y a un commentaire social qui se développe en filigrane du film, que j'ai trouvé assez intéressant, notamment sur l'éducation des enfants. Le couple Danois cède aux moindres caprices de leur fille, tandis que les Néerlandais, aux antipodes, maltraitent le leur sans sourciller.
Cet espèce de clash n'est finalement pas si culturel, car Patrick/Karin se montrent carrément sociopathes. J'aurais préféré que ce soit plus subtil par moments, mais le film se montre parfois déjà assez long. C'est un peu paradoxal comme ressenti : je pense qu'on aurait pu enlever 20 minutes...
Le film était au départ une critique de la gentillesse Scandinave, a savoir le fait de vouloir paraître amical en toute circonstance. Le réalisateur a fait part d'un de ses souvenirs dans une interview, lorsque des enfants lui jetaient des pierres et que sa seule réponse était de vouloir paraître gentil. En France, le dicton dit "trop bon trop con," et c'est typiquement ce qui arrive a notre couple Danois.
La gentillesse de Bjorn le rend vraiment con, en témoigne cette scène du doudou, lorsqu'il revient de lui-même chez des tarés en cédant aux caprices de sa fille - le tout pour se laisser re-séduire par le couple Néerlandais, duo de menteurs par ailleurs, car le père n'est bien évidemment pas médecin du tout.
Cette gentillesse Scandinave est en fait plus universelle qu'escompté, et c'est ce que j'ai trouvé chouette dans le film. Il y a un rapport de soumission entre les deux couples, assez implicite, qui brille vers la fin (lorsque Patrick part pisser debout dans un buisson tout en laissant les clés sur la voiture ; Bjorn aurait pu s'en aller, mais Patrick sait que Bjorn est une victime et ne fera rien). Bref je n'en dirai pas plus pour ne pas trop spoiler.
Finalement, j'ai surtout vu dans Speak No Evil un portrait de la masculinité et de la féminité. Bjorn est en réalité incapable de protéger sa femme et sa fille. En fait, il n'arrive même pas a hausser le ton, alors qu'en face, la masculinité est poussée a son versant opposé, le plus toxique qui soit, avec un Patrick physiquement violent, imposant, n'hésitant pas a hausser la voix tant sur son enfant que lors d'un débat sur le prestige (réel ou supposé) du fromage Hollandais...
Le film part dans un délire horrifique que j'ai trouvé un peu dommage (alors que j'aime les films d'horreur !) mais qui m'a heurtée de plein fouet, comme un camion. Je ne dirai rien : allez le voir si vous avez du temps a tuer, dans le pire des cas on trouve ça moyen, dans le meilleur on y verra un portrait sans lumière, quasiment nihiliste, de la noirceur humaine face a la bêtise de la bienveillance aveugle.
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Créée
le 26 nov. 2024
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