Au départ, cette nouvelle collaboration Lautner / Audiard fonctionne du tonnerre, certes il faut être d’humeur à retrouver les dialogues acérés des Tontons flingueurs, dont Audiard a le secret ainsi que les interprétations volontiers excessives de Lino Ventura et consorts. Mais d’une part la mise en scène est plus alerte, dynamique d’autre part ça ne dévore pas encore le récit et cette histoire de gangster reconverti dans le commerce de location de bateaux qui se voit proposer un deal par de vieux complices. C’est alors qu’un nouveau personnage fait son apparition. C’est L’emmerdeur avant l’heure puisque Jean Lefebvre aka Léonard Michalon évoque de loin le rôle que Brel tiendra chez Veber dans une version à la fois plus antipathique puisqu’il est un escroc miteux « Le Belphégor des hippodromes ! » mais aussi hyper attachant dans sa façon d’encaisser baffes et bourre-pifs distribués à gogo par Lino et Constantin, son compagnon de galère. Jusque-là j’y trouve ce que je suis venu y chercher, il m’arrive même de sourire aux mines patibulaires de Ventura/Constantin et aux yeux de cocker de Lefebvre. Et puis c’est pas Melville mais côté polar c’est pas mal non plus, c’est prometteur. Puis le film s’enlise dans l’excès. Les saynètes sont de plus en plus courtes, quasi cartoon. L’humour aussi devient lourd, notamment avec les apparitions répétées des anglais complètement barrés accompagnés de gags tous plus ridicules les uns que les autres. C’est la limite du cinéma de Lautner, c’est rigolo cinq minutes puis on décroche.