Ne nous fâchons pas par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Antoine Béretto vit paisiblement depuis des années à Collioure où il est propriétaire d'un club nautique fort prospère. Cet ancien truand s'est juré de ne plus retomber dans les "affaires" sauf au cas où... Et "le cas où" se produit lorsque deux de ses copains doivent passer de toute urgence en Italie. Pour en arriver là, ils empruntent à Antoine une certaine somme d'argent à récupérer auprès d'un certain Léonard Michalon, un bookmaker de la région. Rien de plus simple pour Antoine qui s'est juré de ne plus toucher à la violence sauf qu'une surprise désagréable attend celui-ci: Léonard s'est endetté auprès d'un gang anglais bien décidé à en découdre pour récupérer son argent. Une seule solution pour Antoine allié à son copain Jeff: protéger Léonard Michalon du gang anglais pour pouvoir récupérer son dû. La mission va alors s'avérer périlleuse, pétaradante mais aussi emprunte d'un certain charme, surtout pour Antoine...


C'est vrai que ce retraité du banditisme, devenu sage et humain, aurait mieux fait de se pendre plutôt que d'avoir croisé ce drôle de Léonard Michalon. Cet homme est une vraie tête à claques sachant passer du rôle de victime à celui de pleurnichard, de celui de mari cocu à celui de roublard. Et oui toute cette panoplie appartient bien à ce Michalon qui va entraîner sans trop le vouloir Antoine et Jeff dans une guerre sans merci où tous les coups fourrés, où toutes les armes, des plus sophistiquées aux plus surprenantes, vont être bonnes aux uns pour éliminer les autres. Pendant ce temps notre homme catastrophe se promène comme un somnambule au milieu des fusillades et des explosions, n'ayant comme dommages que les quelques baffes bien appuyées de ses deux compagnons d'infortune. Une trêve sera la bienvenue lorsque devant l'urgence d'une situation qui se dégrade Léonard va tenter de faire héberger Antoine et Jeff dans l'une de ses demeures tenue par sa femme, la très belle Eglantine. Bien sûr, si les compagnons sont bien reçus, Léonard est humilié et ridiculisé par son épouse. Il ne dit mot et courbe l'échine afin de mieux laisser passer la tempête qui s'abat autour de lui. Eglantine et Antoine vont ainsi profiter en sa présence de petits moments intimes avant la sensée bagarre finale. Malheureusement pour ceux qui croyaient enfin la guerre terminée, il existe toujours le petit brin de paille qui ravive la flamme, notre ami Léonard Michalon avec son air d'innocent accumulant les frasques...


Le genre de la comédie policière n'est pas si simple à aborder pour un réalisateur. Il doit faire preuve de beaucoup d'imagination, parfois parodier, parfois utiliser la loufoquerie et surtout s'appuyer sur de grands acteurs et sur un scénario de choix car les sujets sont tous plus ou moins ressemblants. Ici Georges Lautner a utilisé la plupart de ces ingrédients en mêlant des personnages conventionnels qui petit à petit prennent un volume de durs malchanceux avec un élément déclencheur, un "emmerdeur" faussement innocent, faussement malheureux au regard triste de cocker. Afin d'épicer ce plat savoureux le réalisateur nous la joue très fine avec cette organisation de tueurs très british dirigée par "le Colonel". Les tueurs sont partout avec armes ou guitares façon Beatles, très séduisants, tous cravatés dans leurs costards impeccables. Des gags inoubliables jalonnent ce film qui marie avec bonheur burlesque, humour, bons mots et action. Jean Lefebvre tient là l'un des rôles de sa vie et forme avec Lino Ventura et Michel Constantin un trio de choc assez inoubliable. Si l'on ajoute à cela toute la grâce de Mireille Darc et l'élégance de Tommy Duggan, le colonel à la tête de ses dandys tueurs, nous voici au coeur d'une savoureuse comédie policière qui n'aurait pas toute cette saveur sans le scénario de Jean Marsan, Marcel Jullian, Georges Lautner et Michel Audiard dont la verve est ici à son meilleur niveau.


Cette oeuvre assez souvent rediffusée n'est pas, loin s'en faut, une comédie de série B. Elle est originale, divertissante, pleine de suspens et de surprises. C'est tout à fait le style de film sans prétention qui vous donne envie de venir jeter de nouveau un oeil lors d'une énième rediffusion.

Grard-Rocher
8
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Créée

le 25 nov. 2013

Modifiée

le 23 nov. 2013

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