Né quelque part par BibliOrnitho
Farid, 26 ans, est né en France. D'origine algérienne, il n'a pourtant jamais mis les pieds au Maghreb : ce qui ne saurait tarder car il doit partir au bled pour sauver la maison de son père. La municipalité souhaite en effet exproprier un certain nombre d'habitants, raser leurs maisons afin de faire passer un gazoduc espagnol.
Farid, qui découvre le charme de la terre de ses parents, est décidé à ne pas se laisser embobiner par une administration qui a hérité du colonialisme son habitude de disposer du bien d’autrui. Tout faire pour ralentir le projet en espérant que cela suffise pour détourner la convoitise des puissants.
Mais il est évident que cette histoire de gazoduc n'est qu'un prétexte. Un prétexte pour le réalisateur d'amener Farid de l'autre côté de la Méditerranée. Pour l'amener à découvrir ses origines. Car, comme le chantait Maxime L., être né quelque part, c'est toujours un hasard. Le père de Farid a quitté les siens pour aller en Métropole (l'Algérie était encore française) et tenter de gagner de l'argent et aider les siens. Mais comme son cousin (Djamel Debouzze) le lui révéla, le candidat au voyage ne devait pas être le père, mais l'oncle. Si bien que c'est Farid qui aurait dû naître au bled et le cousin à Paris. Ah ce destin qui façonne nos vies...
Farid prend la nouvelle avec une certaine désinvolture. Une information sur sa famille parmi tant d'autres. Pour le cousin, par contre, c'est nettement plus douloureux : ça lui reste en travers de la gorge. Lui aussi aurait aimé fouler le pavé de Belleville au lieu de vivoter d'allocations et de misérables petits trafics. Aussi ne fit-il ni une ni deux, il déroba le passeport de son cousin et s'envola pour la France, plongeant Farid dans de sérieux problèmes administratifs...
Un film sympathique sur les conditions de vie outre méditerranée, Le chômage qui règne en maître, le système D, l'administration tatillonne et les candidats au départ clandestin. Les passeurs qui n'hésitent pas à racketter la misère, les conditions de traversée et l'humiliation de la prison à l'arrivée.
Un film sympathique mais avec néanmoins une déception quant à l'interprétation de Djamel Debouzze qui surjoue son rôle de façon outrancière. Exubérant et sautant partout, ne cherche-t-il à faire plus autochtone que l’autochtone lui-même ? Arborant un accent à couper au couteau et qui n'est peut-être pas le sien, Djamel fait le pitre et n'est pas dans le ton. J'attendais pour ce personnage davantage de sobriété et de gravité. Heureusement que son rôle n'est pas très important et qu'il ne nous ennuie pas trop longtemps.
Une bonne impression demeure à la fin du film.