Le cinéma sur l'immigration présente bien souvent la même question (celle de l'identité), déclinée régulièrement sous la même forme : un immigré retourne dans son pays d'origine et se demande à quel pays il appartient. Que ce soit chez Fatih Akin ou ici, dans ce film, le point de départ est identique. C'est le traitement qui change.
Farid est un exemple d'intégration réussie : fils d'un immigré, il est étudiant en droit, se prépare à devenir avocat, est fiancé à une belle blonde (en fait, une blonde tout court, pas si belle que ça, mais on s'en fout), etc. Et pourtant, chez lui, on ne parle pas français et le cœur des parents restent tournés vers cette Algérie que Farid ne connaît pas.
Justement, Farid va devoir y aller, en Algérie. Son père ayant fait une attaque cardiaque, il ne peut pas se rendre au pays où sa présence est pourtant indispensable pour régler une affaire importante : la maison familiale, que le père avait construite de ses propres mains, risque d'être détruite pour permettre le passage d'un oléoduc. Farid, un peu contre son gré, va devoir partir au pays de ses racines et se retrouve dans un minuscule village.
Cela donne d'abord l'occasion de faire la description de toute une population fort attachante. Entre Fatah, qui tient le seul téléphone du village (et qui va vite être débordé de travail) et Secteur qui s'occupe du café, on a tout un village très sympathique qui offre au film de bons moments d'humour.

Mais le film va bien au-delà que la présentation d'une petite communauté. On a le portrait d'une Algérie moderne avec tous ses problèmes : chômage, aucun avenir possible dans les petits villages isolés (d'où l'immigration, souvent clandestine puisque la France ne distribue plus de visas), les enjeux internationaux avec le pétrole en première ligne, etc. Bien des problèmes dont les Algériens sont les victimes. Comme le dit un des personnages : "L'Algérie c'est un pays riche mais on n'a pas d'argent".
C'est toute cette situation que découvre Farid. De même, il prend conscience de toutes les différences culturelles et sociales entre Français et Algériens. Lui arrive en Algérie avec sa culture française : il revendique ses droits de citoyen et sa méfiance envers la religion (il est le seul à ne pas prier dans le village). On lui apprend qu'en Algérie, personne n'ose contester l'Etat. Il assimile aussi les traditions du pays : réunion du conseil des Anciens du village, influence morale et sociale de l'imam, etc.
Et puis, il y a les rapports entre la France et l'Algérie. Des rapports marqués par le souvenir d'une guerre et ses conséquences, qui façonne encore le présent du pays. Et Farid, comme une grande partie des habitants du pays, est prisonnier de ces relations spéciales entre les deux pays. Et quand il se retrouve dans la situation d'un sans-papiers, il comprend mieux les difficultés administratives des Algériens.

En bref, un bon film, tour à tour drôle ou émouvant, qui dresse une belle image de l'Algérie actuelle et des problèmes traversés par ses habitants.
SanFelice
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le 14 mai 2014

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SanFelice

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