H.P. Lovecraft, un des plus grands écrivains de tous les temps, se rend dans une bibliothèque tenue par des moines. Faisant mine de consulter des ouvrages, il ira s'éclipser dans une pièce où se trouve le livre des morts, le Necronomicon. Loin de se douter qu'une fois déplacé le livre entrouvrira progressivement des portes protégeant le monde du démon tentaculaire, il s'empressera de recopier les trois meilleures histoires qu'il y trouvera.
La première nous fera découvrir un homme anéanti par la mort de sa femme et de ses enfants. Visité au cours d'une nuit par une mystérieuse créature, celle-ci lui remettra un livre qui lui permettra de ramener les siens à la vie.
La seconde prend place dans une vaste maison, où une jeune fille louera une chambre. Son voisin de palier, un sympathique mais mystérieux homme (David Warner), finira par s'ouvrir à elle et ils lieront une amitié. Mais cet homme possède un lourd et monstrueux secret.
La troisième se situe dans les rues d'une ville. Deux policiers, une femme et un homme, poursuivant un criminel, descendront dans les bas-fonds afin de le retrouver. Séparés, la policière demandera de l'aide à un étrange couple de personnes âgées.
Comme souvent, le fil conducteur n'est pas très développé, mais pourtant, un soin tout particulier lui a été apporté, notamment au physique d'H.P. Lovecraft. Car si Jeffrey Combs semblait être l'acteur le plus à même de l'interpréter, ayant joué dans de multiples films adaptés de ses nouvelles (Reanimator, Aux portes de l'au-delà), il n'a pas un faciès similaire. Pourtant la cosmétique a fait son effet, et c'est bluffant, au point de ne pas reconnaître Combs lui-même.
Mais revenons à nos histoires, toutes trois tirées de nouvelles de Lovecraft. La première nous amène directement au Cthulhu, l'homme le suppliant d'apparaître pour réveiller les siens. Le résultat est effrayant, voire dérangeant, et il est certain que c'est celle-ci qui provoquera le plus de frissons. La seconde, moins extravagante, nous sert un mélange du vampirisme mêlé à la science, très proche de Reanimator. Pour finir, la troisième est une boucherie sans nom, nous servant un déluge de plans gore et de bains de sang qui combleront on ne peut mieux les amateurs, et, cerise sur le gâteau, réserve une fin horrible comme on les adore.
On sent la volonté de bien faire, et les réalisateurs y arrivent (Christophe Gans, Shusuke Kaneko, Brian Yuzna). L'effrayant côtoie le gore, nous proposant des effets sans cesse maîtrisés, allant même jusqu'à nous offrir une liquéfaction façon Evil Dead. C'est crade, ça fait frissonner, et il n'y aura finalement que quelques — très — légers relents d'humour noir vers la fin pour nous déglacer un peu le sang.
Bref, Necronomicon est une oeuvre maîtrisée, dure, et donc à ne pas montrer à n'importe qui, et faisant réellement honneur au maître.
On aura plaisir de retrouver une énième fois Jeffrey Combs, mais également toute une multitude de références du genre, comme David Warner, Richard Lynch, Bruce Payne, Belinda Bauer ou encore Obba Babatundé.
On en redemande, mais malheureusement les quelques autres essais de transpositions cinématographiques d'oeuvres de Lovecraft lui auront plus souvent fait du tort que du bien.
Pour conclure, ceux qui réclament du gore et du frisson seront amplement servis, qui plus est s'ils sont fans de Lovecraft. De par son côté horrifique et aux nombreuses images choquantes il sera à réserver à un public mature. Ceux qui espéraient un spectacle façon Creepshow seront quant à eux déçus, l'oeuvre n'ayant rien de drôle ou farfelu.
Mention spéciale pour Jeffrey Combs, acteur dont tout le monde connait le visage, mais plus rarement le nom, et qui incarne ici le créateur plutôt qu'une de ses créations.