Film de Michael Apted sorti en 1994, vu il y a bien longtemps et revu avec beaucoup de plaisir.
Le scénario concerne une jeune fille, Nell, découverte dans une cabane au fond des bois après le décès d'une femme qui vivait là en ermite et qui pourrait être sa mère. Comme sa mère était connue pour avoir un probable problème d'élocution (suite à un AVC par exemple), le langage de la jeune femme s'avère inintelligible. De plus, pour ne rien arranger, elle semble terrifiée au contact d'autres êtres humains, montrant les signes d'une sorte d'aliénation mentale.
Un médecin (celui qui a découvert Nell) et une psychologue ont trois mois pour démontrer que Nell n'est pas folle et ne nécessite pas d'être internée. Le film est construit comme un huis-clos au milieu d'une nature exubérante et superbe au bord d'un lac (Fontana Lake en Caroline du Nord). Les trois protagonistes vont peu à peu se rapprocher et trouver les clés nécessaires à la compréhension mutuelle. C'est la partie réellement très intéressante et, de mon point de vue, très réussie du film. On sent que le scénario y a été particulièrement travaillé et les acteurs y sont très crédibles et convaincants.
C'est une formidable Jodie Foster qui joue le rôle de Nell. Pas un instant, Jodie Foster ne donne l'impression de cabotiner ou d'en faire trop. Elle "vit" les sensations d'un être humain, capable de joies et de tristesse, qui a vécu dans un monde clos et isolé, totalement protégé par la mère contre le reste de l'humanité, qui a peur du jour à cause des possibles prédateurs et qui ne sort que la nuit.
Face à Jodie Foster, Liam Neeson, le médecin qui l'a découverte, bourré d'empathie et qui va devoir se dresser contre un monde qui ne parle que de l'enfermer, au mieux pour en faire un cobaye.
Face à Jodie Foster et aux côtés de Liam Neeson, Natasha Richardson, la psychologue, agent sous-marin de la partie "adverse", qui va peu à peu, se ranger à l'avis de Liam Neeson à propos de la "normalité" de Nell.
À noter aussi, ce que j'appellerais une "cerise sur le gâteau", le fait que l'évolution des trois personnages n'est pas à sens unique. Je veux dire que si Liam Neeson/ Natasha Richardson apportent de façon évidente une aide à Nell, Nell à son tour, aidera, à sa façon, le tandem de médecin et psy à se clarifier et à se remettre en cause.
Ensuite, je suis bien obligé de constater, malheureusement, que les aspects médiatico -juridiques sont traités beaucoup trop superficiellement.
Spoiler : Un peu comme si, la fin positive étant actée, il suffisait de se débrouiller pour sortir du huis-clos et retourner à la civilisation en jouant avec force sous-entendus, ellipses et évidences.
En particulier, le procès final qui doit déterminer de l'avenir de Nell est à la limite du vraisemblable, tellement les ficelles sont grosses et visibles. C'est un peu dommage car ça gâte un peu l'ensemble qui aurait pu être un très grand film.
Ce que je retiens surtout dans ce film, c'est l'impressionnante prestation de Jodie Foster qui marque durablement le spectateur (que je suis).