Le rôle d'Emmanuelle Béart rappelle, de façon plus évidente que dans "Un coeur en hiver" du même Claude Sautet, ceux tenus naguère par Romy Schneider dans l'oeuvre du cinéaste.
Nelly, traversant une période de sa vie aussi délicate qu'indécise, nous permet d'identifier aisément le film comme un film de Sautet. Les scènes de café et les scènes de rupture, ces choses de la vie qui atteignent le personnage de Nelly, comme les seconds rôles, relèvent de la thématique traditionnelle de l'auteur. Malheureusement, "Nelly et Mr.Arnaud" fait souvent figure de Sautet "réchauffé". Hors la relation de Nelly avec le vieillissant Arnaud, auquel elle sert de secrétaire, se faisant dicter un roman de l'ancien juge, il n'est que des choses déjà vues, des repères peut-être pour le cinéaste, des redites pour le spectateur.
La relation employée-employeur semble l'objet d'un pacte à la Faust. La relation entre les deux personnages -entre besoin mutuel et agacements- est constamment ambigüe. On s'intéresse, certes, à la dimension psychologique des rôles, et notamment aux façons énigmatiques autant qu'équivoques du comportement d'Arnaud, mais globalement, ni ce dernier ni Nelly ne sont véritablement touchants. Leur existence relève davantage d'un procédé dramatique que d'une intention sincère. Il manque à ce Sautet moyen une véritable sensibilité.