Projet d'une ambition folle, mêlant un propos politique d'une précision extrême (déroutant pour le néophyte) et une maestria en terme de réalisation qui laisse pantois, Neruda pourra abandonner sur le bord de la route plus d'un spectateur.
Il faut en effet s'accrocher pour ne pas se perdre dans le découpage tarabiscoté du film, qu'on l'envisage dans sa totalité (le film n'est qu'une immense rêverie lacunaire qui met en scène une création de Neruda) ou à l'intérieur de chaque séquence (la même conversation peut être poursuivies par les personnages dans des lieux différents).
Le résultat est une marqueterie délicate et éthérée, aux aspects tantôt fantomatiques (les flous, les surexpositions), tantôt rutilants (les travelings circulaires, les couleurs chaudes, les décors dans la maison).
C'est presque miraculeux que de ce fatras grouillant et brillant ressorte une image nette de Neruda, assez iconoclaste : cynique, dur avec les femmes, distant.
La toute fin du film, avec son onirisme plutôt "bon marché", gâche un peu à mon sens l'esthétique spectaculairement réussie que le film affichait jusque là.
http://www.christoblog.net/2017/01/neruda.html