Plongée dans les apparences dans une traque aux accents littéraires (la voix-off omniprésente, presque Malickienne risque d'en gêner pas mal...) entre un poète répudié pour son appartenance communiste et le policier qui s'est mis en tête de l'épingler à son tableau de chasse.
Mais peux-t-on rattraper un mythe (à l'image de tout un pays qui ne semble que faire corps au gré des poèmes de Pablo Neruda) ? C'est la question que se pose Pablo Larrain dans ce faux biopic, plus réjouissant qu'il n'y paraît.
A ce jeu du chat et de la souris, chacun refaçonne l'autre, se le re-imagine constamment dans ce qui peut commencer comme un "biopic" (notez les guillemets donc) pour continuer vers le film noir pour finir western dans la blancheur immaculée de la neige. Le cinéaste ne cache pas que son poète est un anti-héros. Quand au policier, il se prend pour le véritable héros de l'histoire, personnage plus ubuesque qu'on ne le croit. Au final, c'est par le biais de ce personnage secondaire du policier que Neruda deviendra ici véritablement un héros. Et parviendra à nous émouvoir justement en l'évoquant alors que c'était pourtant son chasseur.
Superbe, souvent drôle (Neruda est vraiment un anti-héros je le répète et Larrain de s'amuser avec ce qu'il peut en faire) voire émouvant (ce final qui transcende l'art, la mort et le vivant et élève le film d'un coup, fabuleux). Grand film. Le premier de 2017 mais j'ai conscience d'en avoir loupé aussi plein d'autres.