Le concept est simple: un jeu sort de nulle part, appelé "Nerve", où on peut choisir de s'y inscrire en tant que "watcher" ou en tant que "player". Les watcher regardent tels des voyeurs sans la moindre once de pudeur les players réaliser des défis (sans trop de pudeur non plus) qui sont définis par ces même watchers.
Au bout d'un moment, on pourrait s'attendre à ce que le concept parte en couille; avec une telle idée, on aurait pu faire une oeuvre d'anticipation incroyable, touchant du doigt pleins de domaines de notre rapport aux médias sociaux, à notre image de soi et à la caméra jusqu'à l'industrie du divertissement et ses logiques top-down et bottom-up, où, las de consommer des produits issus de majors et d'industriels, la société "underground" a décidé de créer son propre divertissement, horizontal et hors de contrôle. Et on peut imaginer encore pleins d'autres concepts avec ce postulat.
Mais au final, le film ne se concentre que sur l'aventure de deux personnages, la blonde-un-peu-geek-mais-mignonne-qui-écoute-wu-tang-clan et le bg-qui-fait-de-la-moto, deux players qui se rencontrent vaguement par hasard et qui vont vivre une longue nuit pleine de défis et d'angoisses.
Au départ vécue comme une nocturnale agréable en compagnie d'un inconnu dans une tentaculaire ville américaine, ça part quand même un peu en couille et on commence à entrevoir une histoire complotiste qui passe de l'innocence un peu glauque mais rafraîchissante de deux ados qui passent une nuit cool à un thriller un peu sociétal et qui commence à poser les bonnes questions.
Malheureusement, le film ne va pas assez loin dans son trip, à aucun moment il ne finit sa question. Il propose tout de même quelques bons moment d'angoisse, de stress intense où t'es scotché à ton siège, serrant ta bière le plus fort possible, et quelques scènes vraiment sympa avec une esthétique qui fait la force du film, un peu néon-nuit électro à la Winding Refn (mais encore une fois ça ne reste qu'un habillage assez transparent, quitte à prendre cette direction autant y aller à fond, dommage).
Dans le fond, Nerve reste quand même un bon film qui n'évite pas les personnages stéréotypaux clichés (genre le meilleur pote geek amoureux dont on a rien à foutre mais qui au final a toujours raison) mais qui reste un bon moment à passer avec un casting quand même pas dégueu (Emma Roberts, Dave Franco) et une réalisation quand même bien fichue. Matez-le avec votre copine ou votre copain un soir pluvieux, c'est toujours ça de gagné !