Un thriller politique, comme on dit, teinté d'une couche de contrespionnage.
Le scénario du film de Deray sorti en 1990 est tiré d'un roman éponyme de Jorge Semprun (que je ne connais pas).
Dans les grandes lignes, un groupuscule étudiant, anarcho-révolutionnaire créé en 1968 est mené par un homme qui se fait appeler Netchaïev, du nom d'un révolutionnaire nihiliste qui a sévi en Russie à la fin du XIXème siècle. Pendant une dizaine d'années, ce groupe fonctionne jusqu'au moment où Netchaïev est assassiné. Le reste du groupe survit et surtout abandonne ses activités pour, appelons les choses par leur nom, retrouver une vie bien bourgeoise, en tous cas bien insérée dans la société. L'une devient chimiste, l'autre directeur d'un journal, un autre écrivain, un autre avocat.
Le film démarre cinq ans après la dislocation du groupe, alors que Netchaïev qui n'a pas été assassiné mais a disparu, du fait de complicités, est de retour à Paris avec un commando venu de Bagdad pour commettre une série d'attentats. Netchaïev veut profiter de son séjour pour comprendre le micmac d'il y a cinq ans, bien décidé à régler quelques comptes.
L'idée de base du scénario est très intéressante. Elle oppose des gens que le temps et les circonstances ont transformés. Netchaïev a continué à s'enfoncer dans son délire conduisant au terrorisme. Les autres membres du groupe ont laissé de côté l'idéal anarcho-révolutionnaire pour endosser celui de la vie ordinaire. Le retour inopiné de Netchaiev que tout le monde croit mort ne soulève guère d'enthousiasme.
Le scénario se complique un peu car il y a de la traitrise dans l'air. On découvre qu'un élément du groupuscule soixante-huitard était un traitre qui avait commandité l'assassinat du terroriste Netchaïev cinq ans plus tôt. On découvre aussi que Netchaïev, qui veut quitter sa vie aventureuse, est traitre face aux autres membres du commando syrien. C'est pas mal car ça remet les choses dans l'ordre : une démocratie doit combattre le terrorisme d'une part et on ne peut pas quitter le monde terroriste d'autre part.
Et puis, on découvre peu à peu les raisons profondes du radicalisme de Netchaïev (que je ne dévoilerai pas). Là je dirai que le truc est de trop, limite pas très vraisemblable, un peu trop romantico-psycho-dramatique – pour mon goût.
Le casting.
Vincent Lindon joue le rôle de Netchaïev. J'aime beaucoup Vincent Lindon qui joue très bien, de façon très crédible, dont les personnages sont souvent francs du collier. Là, j'ai bien voulu croire au personnage mais je pense honnêtement qu'il ne faisait pas assez méchant (justement trop romantique) ; après des années à faire des attentats, à tuer des innocents, il ne doit plus guère y avoir de place pour les sentiments et même pour de la vengeance…
Les anciens soixante-huitards Patrick Chesnais, Jean-Claude Dauphin, Miou Miou, etc … ont par contre tout-à-fait la tête de l'emploi et sont conformes à ce qu'on attend.
Reste Yves Montand dont on va encore me dire que je suis partial… Là, il joue le rôle d'un grand chef de la DST, pas clair du tout dans sa tête et dans son mode de fonctionnement. Ce n'est pas là le problème car ça, c'est le scénario. Là où ce n'est plus crédible c'est que Montand prend bien trop de place à pontifier, à la jouer en solo, à moraliser bref à forcer le trait. Alors que le personnage aurait demandé à être un peu plus ficelle, beaucoup plus politique, un peu plus salaud. Tiens, par exemple, j'aurais bien vu dans le rôle un Michel Bouquet qui aurait mieux ménagé l'intérêt supérieur de la nation (son boulot normal) avec son intérêt propre. Je n'en dis pas plus mais le film aurait eu une toute autre allure.
Conclusion
Un thriller politique, comme on dit, teinté d'une couche de contrespionnage, intéressant certes mais qui ne m'a pas vraiment convaincu.