Le personnage qu'incarne Steve McQueen est censé avoir 15 ans. Au moment du tournage Steve en avait à peu près 35. Sans compter qu'il paraît plus vieux qu'il n'est (un bon 42) Finalement c'est un peu ça la magie du théâtre et du cinéma. Si le spectateur peut accepter que tel acteur incarne un soldat de la première guerre mondiale aujourd'hui, pourquoi ne pas se lancer dans le pure concept, et ne regarder que l'interprétation et non les similitudes physiques. Ainsi, Louie C.K. a entre autres casté une black pour jouer la mère de ses enfants blancs ; il a dit proute à la logique métisienne car cette femme était simplement... la meilleure qu'il ait vu lors du casting ! Bon maintenant ce genre d'incarpades cités sont encore bien minces, et Steve est le seul à interprêter un personnage en décalage avec ce qu'il est. N'empêche que cela permet de se poser des questions lorsqu'on voit son père qui semble à peine plus agé !
Nevada Smith est une sorte de trip initiatique sur fond de vengeance. Le voyage ne dure pas des lustres, mais quelques temps quand même, assez pour que Max, le héros, devienne un homme. Le fil conducteur est donc la traque de ces hommes, fil entrecoupé de petites scènes de vie, construisant ainsi le personnage qui va se confronter aux armes à feu, aux livres, à la foi. Bien sûr il sera donné plusieurs fois l'occasion au héros d'abandonner son massacre, et ce jusqu'au dernier instant. Les personnages sont assez bien écrits, et les situations bien pensées ; à vrai dire je ne m'attendais pas à ce qu'une partie se déroule en prison et ça passe plutôt bien. La dernière partie est peut-être moins forte. L'idée que le méchant lui fasse confiance en connaissant son histoire est en soi incohérente, mais fonctionne ; c'est juste dommage que les situations n'aient pas plus d'ampleur et d'intensité par rapport à ce qu'il s'est passé auparavant.
La mise en scène fonctionne, offrant quelques beaux cadres, un découpage clair et efficace (les échanges de tirs sont bien rendus). Le casting, hormis cette bizarrerie concernant le bon vieux Steve, tient la route, et voir Martin Landau en as du couteau était amusant. Le montage est plutôt bien rythmé, c'était pourtant casse-gueule vu qu'on quitte la trame principale à plusieurs instants pour se consacrer à des sous-intrigues.
Bref, Nevada Smith est un bon western reposant sur ce personnage principal qui apprend à devenir un homme accompli et responsable au fil du film.