Je trouve assez admirable à quel point ce film revisite plein de clichés du western sanguinolent pour en faire quelque chose de très bien, émotionnellement prenant, sans aucune longueur, et surtout sans aucune distance ironique.
Parce que franchement, vu le thème et la trame du film, ça aurait pu être tentant de chercher à faire du Tarantino en moins bien, d'en faire parfois un peu trop, de se complaire dans le gore, ou d'assumer des trucs un peu mal fichus en se disant que de toute façon le/la spectateur/trice prendra ça pour du second degré. Eh bien là, non. Tous les personnages sont conformes à leur archétype, le héros (Emile Hirsch) est bourru et taiseux, le méchant au charisme magnétique (John Cusack, impressionnant) est vraiment très magnétique et très méchant, son acolyte taré est complètement taré, le pasteur fanatique est extrêmement fanatique, les femmes sont des mères de famille très dévouées, les saloons ressemblent à des saloons et les prostituées à des prostituées, etc., bref, tout ça pourrait tourner à la caricature pénible ou au délire postmoderne kitsch, eh bien non, ça se prend complètement au sérieux et ça fonctionne parfaitement. Le scénario est somme toute rudimentaire, mais l'atmosphère lourde à souhait est parfaitement plantée, la photographie est hyper léchée, le dosage de pathos, d'action et d'hémoglobine est parfait.
Seul regret, Emile Hirsch a un peu de mal à exister face à John Cusack (mais c'est le genre "bourru et taiseux" qui veut ça).