Never Rarely Sometimes Always: Société américaine irrationnelle

39eme film de l’année et rattrapage de ce film 2020 que j’avais raté au cinéma.


On suit l’histoire Autumn, une adolescente stoïque et silencieuse, qui, confrontée à une grossesse non désirée et sans alternatives viables dans sa ville rurale d'origine, décide avec le soutien de sa cousine Skylar de partir pour New York avec les moyens du bord sans nulle part où rester afin d’aller dans la clinique qui pourra l’aider.


Je le dis d’emblée, le métrage d’Eliza Hittman est excellent tant sur le fonds que sur la forme.


En effet, la réalisatrice à travers cette œuvre met en lumière, sans sombrer dans le misérabilisme, toute la difficulté d’être une femme dans un monde américano puritain où la vision masculine toxique domine insidieusement, qui plus est dans une environnement défavorisé.


La place de la femme dans cette société n’est ici réduite qu’à une portion congrue où il est difficile de faire entendre sa voix sans qu’elle soit constamment dénigrée/ignorée comme le démontre les comportements souvent ambiguës de l’ensemble de la gente masculine dans ce film ramenant chaque fois la femme à l’état d’objet (sexuelle ou automate) sans émotions et sans volonté.


Cette réaffirmation de la volonté propre de l’autodétermination féminine se traduit par la plongée dans le contexte new-yorkais -inconnu des protagonistes- dont le chemin sera parsemé de doutes, situations pesantes voire hostiles et toutes sortes d’aventures loin d’être une promenade de santé.


Là où la réalisatrice tire son épingle du jeu, c’est qu’elle prend le parti de ne pas montrer la situation de façon misérabiliste et tire larmes mais plus de façon introspective et intimiste en s’appuyant sur le jeu pleine de subtilité de ses 2 actrices principales.


En effet, Sidney Flanigan dont c’est son premier rôle livre une partition toute en retenue voire légèrement antipathique qui, une fois le moment venu, délivre un torrent d’émotions désarçonnant tant il semble réelle et sincère.


Quant à Talia Ryder -qui va certainement exploser auprès du grand public grâce à son rôle dans le prochain Spielberg (Le remake de West Side Story)-,celle-ci a un rôle un peu plus positive, plus humain dont les actions sont désintéressées et ne sert qu'à soutenir sa cousine ce qui pousse facilement le spectateur à s'identifier en elle.


Elle s’en tire au final à merveille et ce duo assez antagoniste dans ses personnalités s’avère complémentaire et diablement efficace pour retranscrire parfaitement la notion de solidarité féminine recherchée par l'autrice.


Le reste du casting étant au final assez limité à l’écran, il convient de dire qu’il nous donne un interprétation tout à fait correcte.


Concernant la partie technique, je tiens tout d’abord à signaler que la réalisatrice arrive à travers sa caméra à donner une véritable âme à ce qu’elle filme, en particulier la ville de New-York, qui est réellement un personnage et un partie intégrante dans le récit se dévoilant sous nos yeux.


Sa façon de filmer la ville sous toutes ses coutures de façon brute, sans fioritures ni effets de style afin d’avoir un effet réaliste à la « How to make it in america » (un peu arty) est très bien trouvé car il permet d’encrer le récit dans cette réalité quotidienne qui est décidément très difficile aux USA.


La partie sonore ( mixage, bruitage, BO) venant sublimer l’image et donner une identité unique au métrage.


Que ce soit donc le cadrage, étalonnage, colorimétrie, montage sonore ou visuelle, tout est fait pour apporter un âme à l’histoire.


En définitive, c’est un excellent film mettant en image une réalité pas forcément connue tout en se permettant une sensibilité féminine nécessaire au récit (non moralisatrice) avec des bonnes comédiennes en devenir.


Je n’ai pas vu le temps passer et j’ai passé un vrai bon moment.


A découvrir par tous.

lugdunum91
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le 17 mars 2021

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