50eme film de l'année et découverte de ce film d'animation chinois proposé par Netflix qui est ma foi bien ambitieux!
Basé sur le personnage de Nezha du roman de la dynastie Ming Investiture of the Gods, l'histoire se déroule 3000 ans après le triomphe de NeZha contre le roi dragon. NeZha se réincarne dans un monde futuriste où il devra faire face à de nouveaux défis.
Que dire, que dire, si ce n'est que cette proposition artistique est foutrement généreuse quitte à partir dans tous les sens alternant des séquences pleines de poésie avec des d'autres pleines de lourdeurs kitch, d'un univers ultra développé riche en informations et des passages très plats avec des personnages avec peu d'enveloppe.
Il y a littéralement à boire et à manger durant ces 1h46 où le réalisateur ne cesse d'essayer de nous épater et de nous emmener dans une course à un rythme effréné à l'image de son protagoniste, fougueux imprudent féru de vitesse.
Là où dans les productions occidentales auraient certainement essayé de se cantonner sur un cap précis en storytelling, cette production chinoise s'évertue à briser ses chaines-rubans- qui ont cadenassé la pensée artistique contemporaine -et plus particulièrement dans l'animation- en ouvrant le champ des possibles (brisage de 4em mur, multiplication des flash back plus ou moins long, ralenti à outrance, pause de super-héros, références,...), l'animation se révélant alors le dernier temple de l'imaginaire irrationnel pouvant multiplier les angles d'attaque sans que l'ensemble tombe à plat.
Zhao Ji multiplie les plans avec différents décors (océaniques, mystiques, montagnards, villes médiévalo industrielle, …) avec différentes textures et surfaces (liquides, métal, feu, eau, textiles, poussières, peaux, vents,...), des styles différents (occidental, asiatiques, minimaliste,...) tout en utilisant de multiples procédés (Map-painting, 2D traditionnel, 3D,...) que ce soit pour des scènes d'action ou pour de l'exposition, le tout dans un rythme effréné et souvent en même temps.
Il n'est donc pas étonnant qu'il ait beaucoup de déchets, le très bon côtoyant le bancal voire médiocre assez souvent notamment au niveau de l'animation et l'enchainement de certains séquences, ce qui est facilement pardonnable étant donné la débauche d'activité et la complexité des plans visibles à l'écran.
Au niveau de l'histoire, si celle-ci est simple et prévisible, celle-ci se calquant dans la trame classique du "Mythe du héros" de Joseph Campbell dont la quasi totalité des films de super-héros s'inspirent, l'approche chinoise ainsi que l'univers s'inspirant du folklore traditionnel connexe à de nombreux pays asiatiques permet d'ajouter un vent de fraicheur dans ce chemin très balisé.
Cependant, cette narration éclatée multipliant les flashbacks importants et les aller-retours qui certes a pour but de renforcer le Lore mais pourra perdre les spectateurs les moins attentifs tant il y a une multiplicité des scènes et des personnages.
Ces personnages ayant quasi tous la particularité d'être des personnages fonction, peu souvent développés voire archétypaux, -particulièrement toutes les femmes réduites à de simples faire valoir- mais cependant les principaux protagonistes sont assez attachants car possédant un peu plus d'enveloppe.
Même si les limites de l'animation se font sentir au niveau des moments d'émotion (le budget n'étant pas infini) , le casting vocal arrive globalement à s'en sortir en rendant tout cela intéressant.
En parlant de chose intrigante, la BO dénote tellement de ce que j'ai l'habitude d'entendre dans ce genre de récit que je n'ai jamais su déterminé si c'était bien ou totalement dépassée, preuve d'un choix artistique audacieux dira-t-on.
Au final, si l'art du storytelling, le développement uniforme des personnages, la perfectibilité de l'animation et des images où encore l'épuration de la stylisation sont encore à travailler, il est certain que la Chine, ce géant endormi, grâce à ses histoires et sa capacité à emmagasiner rapidement de l'expérience venant de tout bord (en témoigne le Big Fish et Bégonia s'inspirant très fortement des œuvres de Ghibli), il est certain à l'instar de ce qu'il s'est passé dans le monde de la téléphonie, que ce pays a un très bel avenir en devenir dans le secteur de l'animation.
J'ai passé un bon moment devant cette œuvre ultra généreuse (je n'en reviens pas tout ce qu'ils ont essayé de caser dans l'œuvre), -amenée d'ailleurs à devenir une saga, et d'ailleurs- sans pour autant être loin de tout défaut et souvent trop dans le Over the top mais qui arrive cependant à donner satisfaction à un spectateur comme moi qui n'a pas vu le temps passé.
Il vaut cela moi grâce à sa débauche d'énergie et de volonté artistique affichées un bon 6,5 sur 10 et je ne peux que vous recommandez de le découvrir par vos propres yeux pour vous faire votre propre avis sur ce cinéma balbutiant mais pleines d'envies.
A découvrir d'un œil plutôt clément.