Dès le générique on se dit qu'on va voir un grand film. Et Ferrara tient ses promesses et même plus.
Alors que l'on s'avance dans un monde brumeux et sensuel, extra-urbain et encombré, Ferrara nous laisse nous perdre dans la chronologie, dans les espaces du film au milieu de tout ces personnages ambivalents et paumés. Christopher Walken fait du business, on ne sait pas trop pourquoi mais c'est dangereux, il en porte des séquelles physiques, mais avant tout c'est un mec qui parle, qui réfléchit, la nuit, sur ce qu'il fait. C'est que pour le fric, ou peut-être que non, c'est la vertu qu'il cherche, à moins qu'il ne cherche rien. Il travaille avec Willem Dafoe, ce qu'il fait ce n'est pas grand-chose, qu'est ce que c'est? On ne sait pas, il ne sait pas lui même, du vol qu'il dit. Et puis il y a Asia Argento, vénéneuse, son tatouage sur le ventre, sa poitrine, ses lèvres, son corps, elle sera la pièce centrale de ce qui sera leur gros coup. C'est une pute, mais c'est plus que ça, c'est l'amour, non ce n'est pas de l'amour c'est de la luxure.
Dans ce tourbillon de sensations il y aura une histoire de gros sous pour un type, un scientifique, un génie, simple image de vidéo surveillance. Il y aura une histoire d'amour, de promesses, de fuite. La réalité est intouchable, la vérité, la vertu ne peut être atteinte, il n'y a qu'ambiguités, aspérités fantômatiques, jusqu'à déformer la structure même du film. Dans la dernière partie où suite à un évènement insaisissable tout s'est écroulé sur soi même, Willem Dafoe, pense, ou rêve. Il revit les évènements passés, mais leur figure a changé, de nouvelles parcelles s'ouvrent, d'autres se ferment, comment croire à son existence, comment supporter ça.
Reste l'amour.
Je veux t'épouser qu'elle dit.
Si tu le veux vraiment on partira répond-t-il.
Elle est partie.
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